Jean-Marc Morandini condamné à 18 mois de prison avec sursis en appel pour harcèlement sexuel
Reconnu coupable d'avoir "usé de pressions pour obtenir un acte sexuel", l'animateur de télévision Jean-Marc Morandini a été condamné lundi en appel à 18 mois de prison avec sursis pour harcèlement sexuel à l'encontre d'un jeune comédien.
La cour d'appel de Paris a aggravé la peine de six mois d'emprisonnement avec sursis prononcée en première instance, en août 2023, à l'encontre de l'animateur de la chaîne CNews.
Absent au délibéré, Jean-Marc Morandini devra en outre payer une amende de 10.000 euros et indemniser Gabriel, la victime de harcèlement.
Il a également l'obligation de suivre des soins psychologiques.
"Mon client est soulagé que justice lui soit à nouveau rendue. Il associe toutes les victimes de harcèlement sexuel à l'espoir que suscitera cette décision", a fait savoir à l'AFP Me Antoine Lachenaud, l'avocat de Gabriel, âgé de 19 ans au moment des faits.
Les avocates de Jean-Marc Morandini ont annoncé qu'elles allaient se "pourvoir en cassation".
"Jean-Marc Morandini s'est toujours comporté de façon respectueuse et professionnelle, sans jamais le moindre geste déplacé", ont affirmé Mes Céline Lasek et Florence Rault dans un communiqué.
L'animateur de 59 ans était poursuivi pour avoir encouragé des comédiens, âgés de 19 à 26 ans au moment des faits, entre juin et septembre 2015, à s'exhiber nus pour les castings d'une web-série intitulée "Les Faucons" dont il était le producteur.
- "Personnage totalement fictif" -
Une pseudo directrice de casting, Catherine Leclerc - qui n'était autre que Jean-Marc Morandini sous pseudonyme - leur avait adressé des courriels pour leur demander avec insistance d'envoyer des vidéos d'eux nus, le pubis rasé, et de scènes de masturbation parfois avec éjaculations.
Selon les enquêteurs, le "personnage totalement fictif" de Catherine Leclerc, constituait une "figure maternelle et sécurisante inspirant confiance" notamment au plus jeune des plaignants, Gabriel, comédien sans agent, sans formation et sans expérience du milieu du cinéma, l'incitant "à toujours repousser ses limites dans l'acte de nature sexuelle, sous le prétexte allégué de travailler sa posture de comédien".
Ce jeune homme avait notamment reçu en août 2015 deux mails de la fausse Catherine, signés "maman", lui demandant s'il était prêt à faire une fellation à Jean-Marc Morandini "qui n'est pas n'importe qui".
Jean-Marc Morandini a aussi été reconnu coupable de travail dissimulé concernant quatre comédiens dont Gabriel. La cour d'appel a condamné la société "Ne zappez pas ! Production" (NZPP), dont il est l'unique gérant, à une amende de 10.000 euros.
"Nous sommes satisfaits de cette condamnation qui confirme la qualité de victime pour notre client", a déclaré Besma Maghrebi, avocate d'un des plaignants pour travail dissimulé.
"Je ressens un énorme soulagement de voir la justice reconnaître ma condition de victime. Cette condamnation met fin à huit ans de combat, de harcèlement et de calvaire", a confirmé Quentin S., l'une des victimes, par l'intermédiaire de son conseil.
En décembre 2022, l'animateur avait déjà été condamné à une peine d'un an de prison avec sursis assortie d'une obligation de soin de deux ans et son inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais) pour des faits de "corruption de mineurs" commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016, lors d'échanges électroniques à caractère sexuel et d'un casting à son domicile.
La décision en appel doit être rendue le 5 mars.
K.Cairstiona--NG