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Royaume-Uni: des militants écologistes contestent en appel leurs peines de prison

Royaume-Uni: des militants écologistes contestent en appel leurs peines de prison

Seize militants de l'organisation écologiste Just Stop Oil ont contesté mercredi devant la Cour d'appel de Londres les peines de prison auxquelles ils ont été condamnés pour des actions qui, selon leur avocat, étaient "dans l'intérêt des générations futures".

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Ce procès en appel, prévu jusqu'à jeudi et suivi de près par les organisations de défense du climat, a débuté le jour où deux autres membres de l'organisation, accusés d'avoir endommagé le site préhistorique de Stonehenge, ont plaidé non coupable.

Les 16 militants ont été condamnés en 2024 en première instance à des peines comprises entre 15 mois et cinq ans de prison ferme. En cause: plusieurs opérations, parmi lesquelles un blocage d'autoroute et un jet de soupe sur "Les Tournesols" de Van Gogh à Londres, organisées pour dénoncer l'inaction politique face au changement climatique.

Ces peines "sont les plus élevées de leur genre dans l'histoire moderne du Royaume-Uni", a affirmé l'un de leurs avocats, Danny Friedman, soulignant que certains militants n'avaient jamais été condamnés auparavant.

- "Sacrifice" -

"Ce qu'ils ont fait dans le cadre d'une action collective, non-violente, que cela plaise ou non, était dans l'intérêt de la population, de la planète et des générations futures", a-t-il poursuivi, et "ils l'ont fait par esprit de sacrifice".

Dans la matinée, des dizaines de personnes avaient déployé des banderoles "Protégez le droit de manifester" ou "Libérez les prisonniers politiques" devant le tribunal. D'autres étaient assis en silence, tenant devant eux les portraits des militants incarcérés.

Ces derniers ont suivi les débats par liaison vidéo depuis leurs prisons.

Les ONG Greenpeace et Friends of the Earth, qui dénoncent une répression croissante à l'encontre des militants écologistes, se sont associées à ce recours qui aura, selon elles, "des implications considérables sur l'avenir des manifestations pacifiques".

La coalition d'organisations écologistes et propalestiniennes "Free Political Prisoners" prévoit de mobiliser jeudi des centaines de personnes pour bloquer la rue devant la Cour d'appel, où la police a d'ores et déjà annoncé déployer des agents.

Mercredi, deux autres militants de Just Stop Oil, Rajan Naidu, 74 ans, et Niamh Lynch, 22 ans, ont plaidé non coupable d'avoir "endommagé" les monolithes protégés de Stonehenge, dans le sud de l'Angleterre, qu'ils ont aspergé de peinture orange en juin.

Ils ont été libérés sous caution, et un procès a été fixé au 19 septembre au tribunal de Winchester.

Just Stop Oil est connu pour ses actions aussi spectaculaires que critiquées dans des musées, lors de compétitions sportives ou de spectacles. Le groupe exhorte le gouvernement à cesser l'exploitation des énergies fossiles d'ici à 2030.

Mardi, deux autres activistes ont été arrêtés pour avoir perturbé une représentation d'une pièce de Shakespeare avec l'actrice américaine Sigourney Weaver à Londres.

- "Fanatique" -

En juillet, cinq membres de ce groupe, dont Roger Hallam, son cofondateur, avaient été condamnés à des peines allant de quatre à cinq ans d'emprisonnement pour avoir planifié, lors d'une réunion en ligne, une action de blocage de l'autoroute M25 autour de Londres.

"Chacun d'entre vous a franchi, il y a quelques temps, la ligne qui sépare le militant du fanatique", avait affirmé à l'époque le juge Christopher Hehir.

ONG et militants britanniques s'étaient inquiétés d'un recul de la liberté de manifester suite à ces peines.

Michel Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l'environnement, avait ainsi estimé qu'il s'agissait d'un "jour sombre pour les manifestations pacifiques" en faveur du climat et l'exercice des "libertés fondamentales".

L'alliance mondiale d'organisations de la société civile Civicus, qui évalue l'état des libertés civiles dans différents pays, juge que leur exercice est "entravé" au Royaume-Uni depuis 2023, à l'instar de la Hongrie ou l'Afrique du Sud.

Les précédents gouvernements conservateurs ont voté une série de lois pour dissuader et punir plus sévèrement les actions coup de poing des militants écologistes.

Une infraction pour "complot en vue de causer des nuisances publiques" a ainsi été créée en 2022, prévoyant jusqu'à dix ans d'emprisonnement, ce qui représente un véritable "permis pour rallonger les peines de prison", selon l'avocat Danny Friedman.

J.Fletcher--NG