L'ex-patron de SVB incrimine les réseaux sociaux pour une panique bancaire hors norme
La rapide propagation en ligne de rumeurs suite à l'annonce de mesures destinées à renforcer Silicon Valley Bank (SVB) a précipité sa chute, estime lundi Greg Becker, qui dirigeait l'établissement quand il a fait faillite.
"Aucune banque n'aurait pu survivre à une panique bancaire d'une telle vitesse et d'une telle ampleur", avance l'ancien directeur général de l'établissement dans un texte remis à la veille de son audition devant une commission parlementaire aux Etats-Unis.
C'est la première fois qu'il prend publiquement la parole depuis la prise de contrôle de SVB par les autorités, le 10 mars.
Selon lui, la banque centrale américaine (Fed) a d'abord mis SVB en difficulté en remontant brusquement les taux d'intérêt à partir de 2022, pour lutter contre l'inflation.
Cela a mécaniquement abaissé la valeur des nombreux bons du Trésor que la banque avait achetés comme placement à faible risque.
Quand SVB a annoncé le 8 mars son intention de vendre une partie de son portefeuille de titres financiers et de lever des capitaux, l'idée était de "renforcer la position capitalistique de la banque et de repositionner le portefeuille pour les nouvelles conditions de marché", a expliqué Greg Becker.
Mais le même soir, une banque fortement liée au secteur des cryptomonnaies, Silvergate, a annoncé sa liquidation. Or un article avait un peu plus tôt comparé les deux établissements, même si seulement 3% des dépôts de SVB venaient du monde des devises numériques.
"La chute de Silvergate et le lien avec SVB ont provoqué la rapide propagation en ligne de rumeurs et d'idées fausses, ce qui a entraîné le début de ce qui allait devenir une panique bancaire sans précédent", avance Greg Becker.
Le lendemain, les clients de la banque retiraient 42 milliards de dollars en dix heures.
Le surlendemain, des demandes pour le retrait d'environ 100 milliards de dollars supplémentaires étaient déposées, poussant les autorités à intervenir et prendre le contrôle de SVB.
La plus grosse panique bancaire auparavant, celle qui a entraîné la chute de Washington Mutual en 2008, avait vu le retrait de 19 milliards de dollars en seize jours, selon la Fed.
Dans la foulée des déboires de SVB, une autre banque en grande partie tournée vers le secteur des cryptomonnaies, Signature Bank, a rapidement été affectée par des retraits massifs et été saisie, le 12 mars, par les autorités.
Deux anciens dirigeants de Signature Bank doivent aussi témoigner mardi devant la commission parlementaire.
Dans un texte publié lundi, son cofondateur Scott Shay assure que son établissement était "bien capitalisé" et "solvable". "Je pensais que la banque était bien placée pour résister à la tempête mais les régulateurs voyaient manifestement les choses différemment", écrit-il.
D.R.Megahan--NG