Kevin Spacey inculpé de quatre agressions sexuelles sur des hommes au Royaume-Uni
Trois ans après l'abandon des poursuites le visant dans son pays, l'acteur américain Kevin Spacey a été inculpé au Royaume-Uni de quatre agressions sexuelles sur des hommes, à une période où il était directeur artistique d'un théâtre de Londres.
L'annonce jeudi du Crown prosecution service (CPS), le parquet britannique, donne un nouvel écho aux accusations apparues depuis le scandale Weinstein, qui ont porté un coup d'arrêt à la carrière de la star de "House of Cards".
"Le CPS a autorisé des poursuites pénales contre Kevin Spacey, 62 ans, pour quatre chefs d'agression sexuelle contre trois hommes", a déclaré Rosemary Ainslie, cheffe de la division spéciale des crimes du CPS dans un communiqué.
"Il a également été accusé d'avoir poussé une personne à participer à une activité sexuelle avec pénétration sans son consentement", a-t-elle ajouté, précisant que ces accusations "font suite à un examen des preuves recueillies par la police métropolitaine dans son enquête".
Les faits reprochés couvrent une période allant de mars 2005 à avril 2013.
Deux inculpations visent des faits d'agression sexuelles en mars 2005 à Londres sur un même plaignant. Une autre agression sexuelle concerne un second plaignant en aout 2008, qui l'accuse également de l'avoir forcé à une activité sexuelle avec pénétration sans son consentement.
Enfin, Kevin Spacey est inculpé d'une quatrième agression sexuelle sur un troisième plaignant en avril 2013 dans le Gloucestershire (sud-ouest de l'Angleterre).
La police de Londres a indiqué que les plaignants, dont les noms n'ont pas été rendus publics, étaient aujourd'hui âgés d'une trentaine et d'une quarantaine d'années.
Scotland Yard avait ouvert une enquête après avoir reçu des plaintes d'agressions sexuelles contre l'acteur, dont certaines auraient été commises dans le quartier de Lambeth à Londres, où se situe le théâtre Old Vic, dont il fut directeur artistique entre 2004 et 2015.
- "Comportements inappropriés présumés" -
Ces accusations avaient été formulées dans la foulée du scandale Weinstein, du nom du producteur de cinéma américain visé par de nombreuses accusations de harcèlement et agressions sexuelles, révélées à l'automne 2017 par le New York Times et le New Yorker.
Le théâtre de l'Old Vic avait ensuite commandé une enquête interne, menée par un cabinet juridique, sur le comportement de son ancien directeur artistique. Au total, "20 témoignages personnels sur des comportements inappropriés présumés de Kevin Spacey" avaient été recueillis.
L'acteur a aussi fait l'objet d'enquêtes aux Etats-Unis.
L'essentiel des accusations portées contre lui aux Etats-Unis et en Angleterre concernent des hommes, souvent jeunes, voire adolescents.
Aux Etats-Unis, l'acteur avait été inculpé d'attentat à la pudeur et d'agression sexuelle dans l'Etat du Massachusetts (côte est) mais les poursuites avaient été abandonnées en juillet 2019. Il était accusé d'avoir, en juillet 2016, mis la main sur le sexe d'un jeune homme de 18 ans employé dans un bar, après l'avoir fait boire.
Cette vague d'accusations a eu de lourdes conséquences sur la carrière et la réputation de l'acteur américain deux fois oscarisé (pour "American beauty" et "Usual suspects").
Il avait été débarqué par Netflix de la série "House of Cards" dans laquelle il jouait le personnage principal.
M. Spacey avait aussi été remplacé par l'acteur canadien Christopher Plummer dans le film policier de Ridley Scott, "Tout l'argent du monde".
En novembre 2021, l'acteur avait été condamné à payer 31 millions de dollars à la société qui a produit la série "House of Cards".
MRC, la société de production à l'origine de cette série à succès sur les intrigues politiques à Washington, demandait des dommages et intérêts pour des pertes de revenus attribuées à la sortie de l'acteur de cette série après des accusations à son encontre de harcèlement et d'abus sexuels.
Le parquet britannique a tenu à rappeler jeudi "à toutes les personnes concernées que la procédure pénale contre M. Spacey est active et qu'il a droit à un procès équitable."
C.Queeney--NG