Philippines: arrestation d'un pasteur recherché par les États-Unis pour crimes sexuels
Un pasteur philippin recherché aux Etats-Unis pour des agressions sexuelles d'enfants et de jeunes femmes a été arrêté dimanche aux Philippines, deux semaines après le début d'une chasse à l'homme pour retrouver ce prédicateur proche de l'ancien président Rodrigo Duterte.
Apollo Quiboloy, "fils de Dieu" autoproclamé et qui était le conseiller spirituel de Rodrigo Duterte, a fondé aux Philippines la secte nommée Royaume de Jésus-Christ (KOJC).
Le pasteur a été arrêté avec quatre membres de sa secte au siège de l'organisation dans la ville de Davao (sud), après des négociations entre ses représentants, la police et l'armée, a précisé à la presse la porte-parole de la police philippine, Jean Fajardo.
"Cet après-midi, ils ont négocié leur reddition pacifique après que nous leur ayons donné un ultimatum de 24 heures", a-t-elle indiqué.
Ils ont ensuite été transférés par avion militaire à Manille où ils seront détenus en vue d'un procès sous les chefs d'inculpation de "maltraitance d'enfants, agressions sexuelles et traite qualifiée d'êtres humains", a ajouté Mme Fajardo.
"Apollo Quiboloy a été arrêté", avait annoncé plus tôt le ministre de l'Intérieur Benjamin Abalos sur sa page Facebook.
Quelque 2.000 policiers avaient été déployés au siège de la secte le 24 août pour faire appliquer un mandat d'arrêt.
"Il s'agit d'un effort concerté de la part de toutes les personnes impliquées", a souligné Nicolas Torre, le chef de la police régionale qui a dirigé les opérations. "Soyons fiers, aujourd'hui nous avons fait notre travail", a-t-il dit.
- De 12 à 25 ans -
En novembre 2021, le ministère américain de la Justice avait inculpé Apollo Quiboloy et deux autres hommes pour exploitation sexuelle de jeunes filles et jeunes femmes, âgées de 12 à 25 ans, entre 2002 et au moins 2018.
Selon l'acte d'accusation, le pasteur avait fait venir aux Etats-Unis "des filles et des jeunes femmes" comme assistantes personnelles avant de les forcer à avoir des relations sexuelles avec lui sous peine d'une "damnation éternelle".
"Les victimes préparaient les repas d'Apollo Quiboloy, nettoyaient ses résidences, le massaient et devaient avoir des relations sexuelles avec lui", ce qu'elles appelaient le +service de nuit+", avait précisé la justice américaine.
Certaines devaient ensuite récolter de l'argent pour financer le "mode de vie fastueux" des dirigeants du groupe, dont Apollo Quiboloy qui possédait de vastes résidences à Hawaï, à Las Vegas et dans une banlieue huppée de Los Angeles.
En février, dans un message audio posté sur la chaîne YouTube de sa télévision Sonshine Media, M. Quiboloy avait annoncé se cacher par peur d'"un enlèvement ou un assassinat" de la part des gouvernements américain et philippin.
Les autorités philippines n'ont pas indiqué si les Etats-Unis avaient réclamé l'extradition de M. Quiboloy, âgé d'au moins 74 ans selon le Federal Bureau of Investigation (FBI).
L'ambassade américains aux Philippines renvoie toutes les demandes vers les autorités du pays.
Rodrigo Duterte et sa fille Sara - ancienne vice-présidente des Philippines qui a quitté fin juin le gouvernement du président Ferdinand Marcos - ont ouvertement critiqué le raid en août de la police dans la propriété de 30 hectares de la secte.
Quelques minutes après l'arrestation de M. Quiboloy, une chaine de télévision philippine contrôlée par la secte a posté sur sa page Facebook des photos de membres embrassant les policiers.
"Il est évident que les missionnaires du KOJC ont adhéré aux enseignements du pasteur Apollo Quiboloy appelant à aimer non seulement leurs voisins mais aussi leurs ennemis", pouvait-on lire dans un message accompagnant les photos.
M.Scott--NG