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Pesticides: la pollution des eaux "très sous-estimée" faute de surveillance, selon Générations Futures
Pesticides: la pollution des eaux "très sous-estimée" faute de surveillance, selon Générations Futures / Photo: Jean-Christophe Verhaegen - AFP/Archives

Pesticides: la pollution des eaux "très sous-estimée" faute de surveillance, selon Générations Futures

La pollution des eaux en France est "très sous-estimée" car des dizaines de métabolites de pesticides, molécules issues de leur dégradation et potentiellement toxiques, ne font l'objet d'aucune surveillance, dénonce un rapport publié mardi par l'ONG Générations Futures.

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"71% des métabolites de pesticides officiellement à risque de dépasser la norme pour l'eau potable que nous avons identifiés n'ont fait l'objet d'aucun suivi dans les eaux souterraines ou l'eau potable ces dernières années", a alerté mardi Pauline Cervan, toxicologue de l'ONG, lors d'une conférence de presse.

Générations Futures affirme avoir identifié 56 métabolites de pesticides n'ayant fait l'objet d'aucun suivi alors qu'ils risquent de contaminer les eaux souterraines à des concentrations supérieures à 0,1 μg/l, soit la limite réglementaire, selon leur analyse de travaux de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail).

"La façon dont les Agences régionales de santé (ARS) sélectionnent les substances à suivre ne permet pas d'inclure de nouveaux métabolites dans les contrôles. C'est complètement incompréhensible et scandaleux", s'est indignée Pauline Cervan.

Les métabolites sont des molécules issues de la dégradation de substances chimiques, telles que les pesticides, qui peuvent se retrouver ensuite dans les sols, les eaux de surface et les eaux souterraines, avant de contaminer les zones de captage d'eau potable.

"Parmi ces 56 métabolites non suivis, nous avons identifié 12 métabolites particulièrement à risque", affirme l'association, dont l'acide trifluoroacétique (TFA), une molécule très persistante déjà dans le viseur du Réseau européen d'action sur les pesticides (PAN Europe).

Le TFA est issu de la dégradation de certains "polluants éternels", les PFAS, qui sont des substances présentes dans des pesticides, des gaz réfrigérants, des revêtements anti-adhésif de poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques, et particulièrement dans les rejets des usines qui les produisent.

"Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer les risques de contamination des eaux souterraines par le TFA", alerte l'ONG, arguant de la proposition d'une agence sanitaire allemande de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.

"Les conséquences d'une exposition chronique aux métabolites de pesticides présents dans l'eau potable sont largement inconnues", rappelle Générations Futures, qui dénonce régulièrement un déficit d'études sur la toxicité de ces molécules.

Même si les informations manquent pour déterminer avec certitude les niveaux de concentrations sans risque, les associations antipesticides rappellent que les molécules se cumulent dans l'eau et peuvent avoir un "effet cocktail".

En conclusion, "Générations Futures demande la mise en place rapide d'un plan d'action pour améliorer la surveillance des métabolites et relancer une politique ambitieuse de diminution de l'usage des pesticides en France", prévue par le plan Ecophyto du gouvernement, très décrié par les écologistes.

L'ONG est entrée dans une "phase de dialogue" avec les autorités publiques, mais n'exclut pas d'agir en justice en cas de réponse négative des ARS ou de non-réponse.

"Nous avons une base juridique pour aller au contentieux" car un arrêté du gouvernement du 11 janvier 2007 ordonne que les pesticides "qui ont le plus de probabilité de se retrouver dans l'eau potable doivent être recherchés en priorité" dans les plans de surveillance, a conclu Pauline Cervan.

D.Gallaugher--NG