Nottingham Guardian - Près d'Almería, le Far West espagnol, plateau de tournage des westerns d'hier et de demain

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Près d'Almería, le Far West espagnol, plateau de tournage des westerns d'hier et de demain
Près d'Almería, le Far West espagnol, plateau de tournage des westerns d'hier et de demain / Photo: JORGE GUERRERO - AFP

Près d'Almería, le Far West espagnol, plateau de tournage des westerns d'hier et de demain

Les détonations claquent devant le saloon et un cowboy s'effondre: décor d'innombrables westerns spaghetti dans les années 1960-70, la région d'Almería, en Andalousie, exploite toujours cet âge d'or, entre parcs d'attraction, festival de cinéma et tournages de nouveaux films.

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"Pour une poignée de dollars", "Le Bon, la Brute et le Truand" et "Il était une fois dans l'Ouest", chefs d'oeuvres du maître italien Sergio Leone, n'ont pas été tournés aux Etats-Unis mais bien dans le sud de l'Espagne, près d'Almería, dans le désert de Tabernas: 28.000 hectares de dunes, de canyons, de steppes et de cactus.

Rues poussiéreuses, façades de bois, bureau du shériff et saloon: vestiges de l'époque, trois hameaux qui servaient jadis de décor sont aujourd'hui devenus des parcs d'attraction... tout en continuant d'accueillir des tournages.

Ici, une charrette, là, une potence, un peu plus loin une église et un cercueil. A Fort Bravo, l'un de ces villages, de faux cowboys assurent le spectacle dans des représentations à cheval, coups de feux à la clé.

- "Une affaire familiale" -

Santiags aux pieds et gilet sans manche sur le dos, Rafael Aparicio est l'un d'eux.

A 49 ans, il a commencé comme figurant sur les tournages: "Je devais avoir 14 ou 15 ans, et c'est là que j'ai tout appris: le cheval, savoir tomber du haut d'un bâtiment, se battre au sol...".

Sur le parking, une quinzaine de camions, des gros campings cars et une tente blanche laissent deviner un tournage en cours.

"C'est la lumière" qui attire les réalisateurs dans une région aussi reculée, estime auprès de l'AFP l'acteur italien Fabio Testi, 83 ans, qui a lui-même joué dans plusieurs films tournés dans ces décors: "Tu peux tourner de 07H00 du matin à 21H00, ce sera toujours la même lumière".

"Les paysages sont les mêmes qu'en Arizona et dans le sud du Texas. Il ne pleut pas. Et c'est beaucoup moins cher que les Etats-Unis", ajoute José Enrique Martinez, auteur de "Almería, un monde de films", ou "Wanted... sur la trace de Sergio Leone".

"Le cinéma à ses débuts à Almería était une affaire familiale. Tout le monde voulait être dans les films. Les ouvriers se faisaient porter pâle pour aller sur les tournages, où ils étaient mieux payés", raconte l'historien, lui-même originaire de la région.

Les figurants sont légion, et tout à fait plausibles pour camper des cowboys ou des paysans mexicains à la peau tannée par le soleil.

Quand Sergio Leone pose sa caméra à Tabernas, tout devient "plus industriel", avec des infrastructures, des associations de cavaliers, de menuisiers etc. aux tarifs homologués, poursuit José Enrique Martinez. Des dizaines de westerns y seront tournés dans les années 1960.

"Sergio Leone mettait la musique d'Ennio Morricone, les gens entraient dans l'ambiance et là, il faisait +Clap, action!+", se remémore Fabio Testi. "C'était comme le Texas pour nous, c'était vraiment désertique. Il y avait un hôtel à Almería et c'est tout".

Cet isolement est parfois pesant pour certaines stars, comme Clint Eastwood, qui se plaint des trajets interminables jusqu'à Tabernas. En 1968, l'aéroport d'Almería voit le jour, permettant à Sean Connery, Brigitte Bardot ou Louis de Funès de venir plus rapidement.

- "Vive le western!" -

La région n'est pas que terre de westerns: elle a aussi servi pour des films se déroulant en Afrique du nord ou au Moyen-Orient, comme "Lawrence d'Arabie", rappelle Robert Yareham, auteur de "Movies made in Spain".

Après les années 70, l'activité à Tabernas ralentit, mais elle a repris de plus belle récemment, avec les tournages de la future série "Lucky Luke", de "Zorro" avec Jean Dujardin, de "Strange way of life", le court-métrage en forme de western queer de Pedro Almodóvar, ou même de "The Crown" et "Games of thrones".

Et depuis 14 ans, le Festival du film western d'Almería ressuscite chaque mois d'octobre cette mémoire du Far West andalou.

Chapeau et bandana autour du cou, Juan Castro, un enseignant de 41 ans, se prend au jeu, fier du seul festival dédié aux westerns en Europe: "Cela n'appartient pas au passé, c'est encore vivant, nous devons continuer à le promouvoir pour qu'il ne tombe pas dans l'oubli".

Cette année, le jury a récompensé "Jusqu'au bout du monde", de Viggo Mortensen. Sur scène, l'Américain n'a pas oublié de rendre hommage à ses hôtes: "Le western n'est pas mort, c'est faux. Vive le western et vive le western tourné à Almería!"

A.C.Netterville--NG