Nouveau revers pour les "taxis volants" parisiens avec l'annulation d'une subvention
Après avoir raté le coche des Jeux olympiques faute de feu vert réglementaire, les "taxis volants" électriques censés être expérimentés à Paris d'ici à la fin de l'année ont subi un nouveau revers vendredi avec l'annonce de l'annulation d'une subvention de la région Ile-de-France.
La présidente (LR) de la région, Valérie Pécresse, a soumis aux élus un projet de retrait de cette subvention d'un million d'euros accordée il y a un an au Groupe ADP, gestionnaire des aéroports de Paris, pour installer une plateforme d'envol et d'atterrissage de ces engins amarrée à la hauteur d'Austerlitz, dans l'est de la capitale, selon le texte de la délibération transmise à l'AFP.
La décision ne signifie pas a priori un arrêt de mort: la plateforme a déjà été construite et installée au printemps par ADP, qui a par ailleurs engrangé 347 millions d'euros de bénéfice net au premier semestre. Mais elle semble de mauvais augure après une série de revers depuis un an pour ce projet controversé.
"A la suite de retards pris à différents niveaux (retard de livraison des moteurs du véhicule par un fournisseur américain, absence de certification de la Direction générale de l'aviation civile et de l'Agence européenne de la sécurité aérienne EASA), l'expérimentation n'a pas pu avoir lieu dans les conditions envisagées", a indiqué Mme Pécresse.
De même source, ADP et son partenaire industriel, le constructeur aéronautique allemand Volocopter, espéraient initialement réaliser "1.000 vols grand public sur six mois sur une liaison entre Paris et l'héliport d'Issy-les-Moulineaux" au sud-ouest de la capitale.
Selon le cabinet de Mme Pécresse, la décision sera entérinée le 15 novembre. Elle ne remet pas en cause le soutien de l'Île-de-France à l'innovation en général et aux engins à décollage et atterrissage vertical (VTOL, leur acronyme en anglais) en particulier, a assuré l'exécutif.
Elle intervient trois mois après que les promoteurs du projet ont annoncé avoir renoncé à faire voler ces aéronefs pendant les Jeux olympiques de Paris, événement dont ils espéraient faire la vitrine d'un projet de transport novateur.
La certification du Volocity, l'engin conçu et fabriqué par Volocopter, a subi un "décalage de quelques semaines" lié à des vibrations sur ses moteurs, avait alors indiqué ADP, disant espérer des vols au moment de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en décembre.
Le ministère des Transports, qui a autorisé les expérimentations à partir d'Austerlitz jusqu'au 31 décembre, n'a pas souhaité faire de commentaire vendredi.
- Elus hostiles -
"Nous nous tenons prêts à pouvoir mener une expérimentation en décembre, depuis la barge d'Austerlitz avec notre partenaire Volocopter", a déclaré vendredi ADP à l'AFP.
Jugeant pour sa part que l'"expérimentation est abandonnée" vu l'absence de certification et le retrait de la subvention, la présidente du groupe d'opposition Gauche communiste, écologiste et citoyenne, Céline Malaisé, y a vu "un revers considérable pour Valérie Pécresse et les porteurs du projet".
"Notre groupe n'a jamais cessé de combattre cette subvention, dont les termes n'ont jamais été respectés par ADP", a ajouté Mme Malaisé, citée dans un communiqué.
Le projet, évoqué depuis fin 2020, avait déjà vu ses ambitions révisées à la baisse avant l'été, Volocopter n'ayant pas obtenu à temps une certification de l'EASA pour accueillir des passagers payants. Le but à terme est de démontrer la faisabilité d'un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces VTOL entre plusieurs "vertiports".
Dans sa version actuelle, l'aéronef à deux places, dont celle du pilote, est équipé de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit, et s'avère bien plus silencieux qu'un hélicoptère selon son constructeur.
Le ministère des Transports et ADP ont préféré insister ces derniers mois sur l'utilité de ces engins - dans de futures versions plus grandes - pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d'organes, plutôt que de parler de "taxis volants" associés à un mode de déplacement pour les plus riches.
Alors que ce projet a rencontré l'hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l'opposition, ADP l'a défendu au nom de l'innovation face à une concurrence étrangère qui s'exacerbe. De fait, les Etats-Unis ont créé fin octobre les bases réglementaires de l'exploitation commerciale de tels engins.
T.M.Kelly--NG