"Le secret le mieux gardé de Londres": le principal marché de gros du Royaume-Uni fête ses 50 ans
Au moment où la plupart des Londoniens sortent de leur lit, Gary Marshall termine sa journée au marché de gros de New Covent Garden, le plus important du Royaume-Uni pour les fruits, légumes et fleurs, qui fête cette année son 50ème anniversaire.
"C'est le secret le mieux gardé de Londres", estime Jo Breare, la directrice générale de ce marché qui fait penser à son équivalent français, Rungis, en banlieue parisienne.
Le 11 novembre 1974, le marché historique de fruits et légumes de Covent Garden, un quartier en plein centre de Londres, a déménagé à Battersea, dans le sud-ouest de la capitale, dans le cadre d'un projet d'expansion et de modernisation mené par l'autorité de gestion de Covent Garden (CGMA).
Le marché de gros est situé sur la rive sud de la Tamise, entouré de gratte-ciel scintillants.
Gary Marshall travaille là depuis plus de 45 ans, aux côtés de près de 200 autres entreprises qui approvisionnent les épiceries, restaurants et hôtels de Londres.
Il est la troisième génération de sa famille à travailler sur le marché, et son fils, George, reprendra son entreprise, Bevington Salads, après lui.
"Le New Covent Garden fait partie de nous. Il fera partie de la vie de mon fils, et peut-être de celle de mon petit-fils", dit-il.
"Une fois que vous y êtes, vous y êtes pour la vie", affirme Gary Marshall.
- "Comme par magie" -
La journée démarre autour de 22H00 pour les quelque 2.000 personnes qui travaillent sur le marché. Les produits proviennent du monde entier.
"Quand on arrive, on prend une tasse de thé, on jette un oeil aux produits. Et le marché prend vie", raconte Gary Marshall, ses yeux remplis de fierté.
Les commerçants vendent leurs produits à l'ancienne, en face à face, pendant les premières heures de la journée, puis, lorsque le soleil se lève, ils les expédient à travers la capitale et le sud-est de l'Angleterre.
"Ainsi, au moment où les gens sortent du lit et se rendent à leur bureau, à l'école (...) les produits sont là, comme par magie", décrit Gary Marshall.
Le marché, "à une, deux ou trois heures du matin, c'est comme une petite ville", décrit Wanda Goldwag, présidente de la Covent Garden Market Authority, qui gère le New Covent Garden Market.
Il a même son propre bureau de poste ouvert de 03H00 du matin à 13H00.
Mais recruter la jeune génération s'avère difficile en raison de ce travail de nuit, mis en place il y a dix ans afin de réduire les embouteillages londoniens, explique Gary Marshall.
Le marché et ses vendeurs ont cependant résisté à de nombreuses tempêtes depuis un demi-siècle.
Lorsque la demande s'est effondrée à la fin du XXe siècle avec l'essor des supermarchés, New Covent Garden s'est tourné vers le secteur de l'hôtellerie et de la restauration.
- Affaires florissantes -
Le marché continue de servir plusieurs restaurants étoilés au guide Michelin, des chefs célèbres ainsi que des magasins haut de gamme comme Harrods et encore l'hôtel Claridge's.
Le chef français Pierre Koffmann compte parmi les clients fidèles. Il avait l'habitude de venir pour acheter des produits frais pour son restaurant La Tante Claire, qui avaient trois étoiles dans les années 1980 et 1990.
"C'était un plaisir de venir ici, de rencontrer des gens différents, de parler des légumes", raconte-t-il.
Désormais, il vient surtout acheter des fleurs. Le marché approvisionne 75% des fleuristes londoniens, selon la CGMA.
Pour Wanda Goldwag, le défi est de rester pertinent face à un monde qui change rapidement.
"En cette période économique difficile, tout le monde fait attention à ses dépenses", souligne-t-elle.
L'incertitude plane sur l'avenir des autres principaux marchés de gros de Londres, le marché aux viandes de Smithfield et le marché aux poissons de Billingsgate, dont les projets de relocalisation ont été suspendus.
Mais à New Covent Garden, les affaires sont florissantes, avec un chiffre d'affaires de 880 millions de livres sterling (1,06 milliard d'euros) l'an dernier, des plans de modernisation qui devraient être achevés avant la fin de la décennie et un bail garanti pour les 25 prochaines années.
"Je ne sais pas si je serai encore là dans 25 ans. Mais mon fils le sera certainement", se réjouit Gary Marshall.
O.F.MacGillivray--NG