Nottingham Guardian - Coupures d'électricité: les Equatoriens au bord de la crise de nerfs

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Coupures d'électricité: les Equatoriens au bord de la crise de nerfs
Coupures d'électricité: les Equatoriens au bord de la crise de nerfs / Photo: Rodrigo BUENDIA - AFP

Coupures d'électricité: les Equatoriens au bord de la crise de nerfs

Irma a la migraine à cause des générateurs, Karina n'en peut plus des embouteillages, Shirley doit se lever aux aurores... Confrontés à une crise gravissime de l'électricité et des coupures de courant allant jusqu'à 14 heures par jour, les Equatoriens sont au bord de la crise de nerfs.

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Alors qu'elle attend le bus qui doit la conduire à Conocoto, dans la banlieue de Quito, Karina Vargas résume la situation actuelle en un mot: "Horrible".

"On se croirait revenu à l'âge de pierre", souffle-t-elle, les traits du visage tirés par la fatigue. La ville "est un chaos total", gronde cette courtière en assurances de 49 ans.

L'absence de feux de circulation crée des embouteillages, et Mme Vargas dit mettre deux heures et demie pour rentrer chez elle, au lieu d'une heure en temps normal.

- Internet et téléphone en pointillés -

La pire sécheresse depuis six décennies a mis en péril les centrales hydroélectriques, qui fournissent 70% de l'électricité du pays, faisant vivre un cauchemar logistique au quotidien à de nombreux Equatoriens.

Ces rationnements ont commencé en avril et se sont intensifiés en septembre. Le gouvernement prévoit de les prolonger au moins jusqu'en décembre, alimentant le sentiment d'une crise profonde dans un pays déjà fortement affecté par la violence du narcotrafic et les tensions politiques.

La crise de l'électricité entraîne "beaucoup de pertes", avec un "impact sur divers aspects tels que la réfrigération (des aliments), les retards de livraison, les paiements par cartes bancaires", détaille Fabio Marotti, propriétaire d'un restaurant italien du centre-ville.

"Le téléphone et l'internet sont régulièrement en panne. (...) Beaucoup de gens ont peur de sortir le soir", déplore-t-il, inquiet d'une situation qui ne sera pas résolue "rapidement". "C'est une autre pandémie que nous vivons, une autre crise majeure."

Dans les immeubles de bureau du secteur privilégié de La Carolina, les employés privés d'ascenseur entre 08H00 et 14H00 n'ont d'autre choix que de monter à pied les étages des hauts édifices. Ils sont aussi, pendant ces coupures, privés d'eau potable et courante.

Shirley Pilataxi, étudiante de 21 ans, a modifié ses habitudes de sommeil pour s'adapter aux nouvelles réalités. "J'arrive chez moi le soir et parfois il n'y a pas de lumière. Je dois me lever à l'aube pour étudier", explique-t-elle.

- Prix triplés -

Gloria Estrella, 65 ans, gère une papeterie dans le nord de la capitale. Alors que la nuit tombe, ses employés rangent à la hâte cartons et marchandises, à peine éclairés par leurs téléphones portables, pour quitter le magasin avant 18H00, par peur de l'insécurité. "Ils ont déjà commencé à éteindre" l'éclairage public, s'inquiète Gloria.

Elle a dû réduire les horaires de travail, ses ventes ont été divisées par deux et elle accumule des dettes auprès de ses fournisseurs.

La commerçante voulait acheter un petit générateur à essence mais "les prix ont triplé" en quelques mois, rouspète-t-elle, fustigeant les "profiteurs".

Autrefois autour de 600 dollars, un groupe électrogène se négocie désormais près de 2.000 dollars, rapporte la presse, soulignant que la spéculation touche tous les équipements électriques, simples câbles compris.

Dans tout Quito, leur bourdonnement et les fumées des moteurs incommodent fortement les habitants. Selon une étude de l'université privée de Las Américas, les émanations toxiques de dioxyde de soufre dans l'air de Quito ont augmenté de 180%, et celles de monoxyde de carbone de 43%.

Les générateurs donnent de forts maux de tête à Irma Paz, employée du secteur privé de 30 ans, qui n'a d'autre choix que de s'en accommoder. "J'essaie de fermer la porte, mais les migraines augmentent. Ce n'est pas seulement au travail, c'est aussi chez moi en permanence", déplore-t-elle.

Elle aussi a peur de l'insécurité dans l'obscurité: "Il n'y a pas de feux de circulation, pas d'éclairage public, il faut se méfier de tous les côtés".

La peur hante également Blanca Cusicagua, 67 ans, qui vend des tripes grillées sur un petit étal dans un parc. "Je pars avant l'heure habituelle car il n'y a plus personne", explique-t-elle, estimant avoir divisé ses ventes par deux.

Selon la présidente de la Chambre de commerce de Quito, Monica Heller, l'Equateur a perdu en deux mois de délestages quelque 7,5 milliards de dollars. "La situation est terriblement difficile", a-t-elle reconnu sur une chaîne de télévision locale.

O.Somerville--NG