Des milliers d'indigènes à Bogota pour protester contre leur sort dans leur territoire
Au moins 2.000 indigènes venus du centre-ouest de la Colombie sont arrivés dans la capitale Bogota et se sont installés devant un bâtiment gouvernemental pour protester contre les conditions de vie dans leur territoire et le sort de leur communauté, a constaté l'AFP.
Ces Indiens Embera, arrivés à bord d'une quarantaine de bus du département de Risaralda, ont installé des centaines de tentes devant l'Agence nationale des terres (ANT) dans la nuit de lundi à mardi.
Des femmes avec des enfants, portant robes colorées et colliers de perles, sont restées assises là en signe de protestation, accompagnés par des membres de la garde indigène, des hommes portant un traditionnel bâton et habituellement en charge de la sécurité de la communauté.
"Nous sommes des familles qui n'ont pas de territoire", a déclaré à l'AFP José Motato, l'un des représentants des manifestants, énumérant "déforestation", pollution des sources d'eau, "destruction" de leurs sites sacrés, mauvaise "santé des enfants" et manque de "prise en charge des personnes âgées".
Ils ont dit espérer que "le gouvernement national s'occupera d'eux" et remplira "ses engagements", selon Isabelita Mercado, conseillère auprès de la mairie de Bogota, qui a estimé à près de 2.000 personnes les membres de ce campement improvisé.
De nombreux indigènes Embera, la plupart déplacés par le conflit armé, ont trouvé refuge ces dernières années à Bogota, chez des proches, dans des bâtiments mis à disposition par la municipalité, mais également parfois dans des parcs et autres lieux publics.
Quelques 700 Emberas ont ainsi investi en 2021 le parc national, en plein centre-ville. Beaucoup survivent en vendant de leur artisanat indigène dans les quartiers aisés ou en s'y livrant à la mendicité.
Au terme d'un accord avec le gouvernement, les indigènes du parc national ont été évacués en septembre pour être réinstallés sur leurs terres.
"Les engagements n'ont pas été tenus", a accusé auprès de l'AFP José Siagama, un dirigeant Embera, raison pour laquelle ils ont décidé de revenir à Bogota.
Le directeur de l'ANT, Felipe Harman, a annoncé sur X la mise en place d'une "première table de travail" avec les représentants des manifestants, ajoutant que le gouvernement était "disposé à établir le dialogue".
"La majorité de ces communautés veulent retourner sur leurs territoires et il est de la responsabilité de l'État, du gouvernement, de mener ce processus afin qu'elles puissent avoir les conditions qui leur permettront d'y rester", a estimé de son côté le maire de Bogota, Carlos Fernando Galan, en annonçant l'arrivée des manifestants mardi.
De nombreux peuples indigènes sont des déplacés par le conflit et la violence des groupes armés. Le président Gustavo Petro tente de désactiver par le dialogue ce conflit armé qui dure depuis six décennies et qui a fait 9,5 millions de victimes.
W.Murphy--NG