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Une armée de mécanos d'Air France au service de 200 compagnies
Une armée de mécanos d'Air France au service de 200 compagnies / Photo: STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Une armée de mécanos d'Air France au service de 200 compagnies

Dans un immense hangar de maintenance d'Air France à l'aéroport de Paris Roissy, on se sent petit au pied de l'avion A350 baptisé Saint-Malo, mais ces jeunes mécaniciens savent l'apprivoiser, du moteur aux boutons de four défectueux.

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Ils sont 13.000 salariés dans le monde répartis dans 20 centres dont les plus gros situés dans les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy pour assurer le service de plus de 3.000 avions d'Air France-KLM, mais aussi de 200 autres compagnies aériennes, explique Gery Montreux, directeur général adjoint d'Air France Industries.

La veille, Yanis Lasfar, mécanicien chez Air France depuis 2019, a remplacé un accumulateur du système de freinage du Saint-Malo. Ce jour de début février il monte à bord, où un apprenti fixe un siège avec un technicien, pour s'occuper d'un bouton du four de la cuisine.

Son champ d'action? "Maintenance de l'avion, du global, cela peut être du moteur, des trains d'atterrissage..."

Ce n'est qu'au "cerveau de l'avion" bardé de câbles et de serveurs qu'il n'a pas le droit de toucher, "c'est un autre métier".

- "Grosse machine" -

A 27 ans, Kayze Camon a déjà 10 ans d'expérience chez Air France dont les deux dernières années dans la maintenance des Airbus.

"Nos managers nous accompagnent pour qu'on évolue", raconte Kayze Camon qui pour en arriver là avait suivi une formation de six mois après s'être occupé des toboggans sur un autre site de maintenance.

Chaque intervention effectuée est signée, la personne qui l'a faite tamponne un papier et engage sa responsabilité. "C'est la première chose qu'on apprend".

"Il n'y a pas de fausses questions. Dans le cas de doute, on contacte le bureau technique d'Airbus. Si l'avion doit rester au hangar deux jours de plus, il restera deux jours de plus", explique Vincent Annequin, technicien supérieur.

Ici, on ne connaît pas de pénurie de pièces de rechange. S'il y en une qui manque au "magasin", on la prélève sur un autre avion qui est en visite.

"On a ce luxe de ne pas dépendre" des fournisseurs, souligne Vincent Annequin.

"C'est une très grosse machine", s'enthousiasme Yanis Lasfar.

La maintenance est la seule activité qui a fonctionné à 100% pendant le Covid, ce qui a permis de faire rapidement démarrer les avions après le confinement.

Air France possède même son propre banc d'essais à Roissy où sont testés les moteurs qui ont été réparés - jusqu'à 200 par an - qu'on certifie avant de les remettre dans les avions.

Le test se passe "comme sur un avion" avec du carburant et de l'air pour démarrer le moteur. Un centre de données récolte tous les paramètres, explique Christophe Chatenet, responsable du site.

- "Couture" et "cuisine" -

Les problèmes d'approvisionnement persistent en revanche dans l'atelier des matériaux composites et sur le site du remontage des moteurs.

"Depuis le Covid, c'est cyclique, on a de temps en temps des grosses pénuries qui peuvent affecter notre flux. Certains chantiers attendent plusieurs mois jusqu'à un an", raconte à l'AFP Alexandra Chardon, responsable de l'atelier.

Ici on répare les nez d'avion, fortement soumis aux impacts d'oiseaux. Avec des gestes et matériaux qui évoquent les ateliers de couture et de cuisine.

On découpe d'abord la zone endommagée, ensuite on la reconstruit dans un moule pour qu'elle garde sa forme aérodynamique.

Les "couturiers" découpent un sac sous vide pour y placer des matériaux composites, l'appliquent sur le trou et envoient le tout cuire comme un gâteau à l'autoclave, un gros four.

Des gestes d'une grande technicité qui nécessitent au moins deux ans d'apprentissage.

Kevin Normand est en train de les apprendre après avoir fait "un peu de restauration et de manutention".

"La mécanique et tout ce qui est manuel, ça m'intéresse depuis que je suis petit et je ne me voyais pas ranger des pâtes toute ma vie".

Avec l'augmentation du trafic aérien, l'industrie aéronautique manque de bras et met les bouchées doubles pour former ou recruter.

"C'est un bon problème, la branche industrielle est très dynamique" avec de nouvelles compagnies aériennes qui font de la maintenance chez Air France, souligne Emmanuel Guérin, responsable du remontage des moteurs à Orly où l'on a besoin dès cette année de 80 mécaniciens de plus.

"Il faut qu'on recrute entre 350 et 400 personnes tous les ans en production" dans la maintenance, un marché qui croît de près de 4% par an, conclut Gery Montreux.

T.Murray--NG