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Rigueur budgétaire: l'Italie se montre plus vertueuse que prévu en 2024
L'Italie a fait preuve de rigueur budgétaire en 2024: le déficit public s'est réduit davantage que prévu, à 3,4% du produit intérieur brut (PIB), une aubaine pour le gouvernement Meloni qui est sous forte pression pour baisser l'énorme dette du pays.
Ce ratio est inférieur aux prévisions de la coalition de droite et d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni, qui tablait sur 3,8% du PIB, après un déficit de 7,2% en 2023.
Autre bonne nouvelle pour Rome, la croissance économique a été revue à la hausse par l'Institut national des statistiques (Istat): l'Italie a vu son PIB augmenter de 0,7% en 2024, soit le même taux qu'en 2023.
Fin janvier, l'Istat avait fait état d'une progression du PIB de 0,5%. La croissance est cependant restée inférieure aux prévisions du gouvernement qui tablait sur 1%.
Rome s'est engagé à ramener le déficit public dès 2026 à 2,8% du PIB, bien en dessous du plafond de 3% fixé par le pacte de stabilité européen, ce qui laisse peu de marge pour une politique économique expansionniste.
Visée par une procédure européenne pour déficit public excessif, l'Italie a dû s'engager à redresser ses comptes et baisser sa dette publique qui frôle les 3.000 milliards d'euros.
Un budget 2024 sobre et sans excès: c'est la promesse faite par Giorgia Meloni en septembre 2023, décidée a serrer la vis afin de donner des gages sur la rigueur des comptes à Bruxelles, quitte à mettre entre parenthèses des promesses électorales.
- Dépenses en baisse -
Pari tenu: les recettes fiscales ont augmenté de 3,7% en 2024 et les dépenses, qui s'étaient accrues de 4,8% en 2023, ont diminué de 3,6%, selon l'Istat.
Seul bémol, le ratio de la dette publique a augmenté à 135,3% du PIB en 2024, mais moins que prévu par le gouvernement, après 134,6% en 2023.
Quant à la croissance, la première estimation de l'Istat de 0,5% était corrigée des jours ouvrables, contrairement au taux de 0,7% annoncé lundi, conformément aux normes de Bruxelles.
L'activité de l'agriculture, la sylviculture et la pêche a connu en 2024 une hausse de 2%. Celle de la construction s'est accrue de 1,2% et celle des services de 0,6%.
Gros point noir, l'industrie a vu sa valeur ajoutée diminuer de 0,1%. La production industrielle a chuté de 3,5% l'an dernier, dans un contexte de crise du secteur manufacturier.
Quant au commerce extérieur, les importations ont reculé de 0,7% et les exportations ont progressé de 0,4%.
- Spectre d'une guerre commerciale -
Face à la menace d'une hausse des droits de douane américains et la récession qui frappe l'Allemagne, son principal partenaire commercial, le gouvernement Meloni se montre prudent pour l'avenir.
D'autant que l'Italie a enchaîné une croissance nulle aux troisième et quatrième trimestres de 2024.
"Pour 2025 et 2026, nous devrons certainement mettre à jour les prévisions macroéconomiques, nous le faisons chaque année, nous devons le faire d'autant plus maintenant", a prévenu vendredi le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti.
"Ce qui se passera en matière de croissance en Europe et aussi en Italie à ce stade est un grand point d'interrogation", a-t-il relevé.
Pour 2025, le gouvernement de Giorgia Meloni prévoit à présent une croissance de 1,2% et pour 2026 une hausse du PIB de 1,1%.
Interrogé sur la réponse à donner à la politique protectionniste de l'administration Trump, M. Giorgetti a indiqué qu'elle "peut être bilatérale", prenant le contrepied de Bruxelles qui prône une action unie de ses 27 États membres.
"La Commission exerce son rôle et doit le faire. Ce que je remarque, c'est que chaque pays de l'UE agit également pour son propre compte. C'est un fait", a-t-il fait valoir.
Quatrième exportateur mondial, l'Italie serait l'un des pays européens les plus touchés en cas de guerre commerciale. Son excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis a atteint 38,9 milliards d'euros en 2024.
D.R.Megahan--NG