

Droits de douane: Trump presse le Canada, les automobiles exemptées
Donald Trump a jugé mercredi que les réponses du Canada étaient insuffisantes pour permettre un compromis sur les droits de douane et concédé une exemption d'un mois pour le secteur crucial de l'automobile, à la demande des constructeurs américains.
Cette première exemption temporaire aux droits de douane de 25% imposés mardi au Canada et au Mexique a été décidée pour que les grands constructeurs automobiles américains "ne subissent pas de désavantages économiques", a expliqué devant la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
Les chaînes de production des constructeurs américains sont en partie installées au Mexique et au Canada, les pièces et véhicules faisant de nombreux allers-retours au cours de leur fabrication.
Cette exemption concerne les véhicules importés dans le cadre de l'accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM), a précisé la porte-parole.
Auparavant, le ministre américain du Commerce Howard Lutnick avait ouvert la porte à un assouplissement dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre ses voisins, assurant que "certains secteurs d'activités" pourraient être épargnés par ces nouvelles taxes.
Après un appel téléphonique avec Justin Trudeau, Donald Trump a affirmé mercredi sur son réseau social que le Premier ministre canadien n'en faisait "pas assez" pour trouver un compromis sur les droits de douane, notamment sur le plan de la lutte contre le trafic de fentanyl, un opioïde responsable d'une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.
Selon les chiffres officiels des services frontaliers américains, moins de 1% du fentanyl saisi aux Etats-Unis l'année dernière est arrivé du Canada.
"Les deux pays resteront en contact aujourd'hui (mercredi)," s'est borné à déclarer le bureau de M. Trudeau.
- Mexico temporise -
Des droits de douane de 25% sur les produits canadiens et mexicains, sauf sur les hydrocarbures canadiens (10%), sont entrés en vigueur mardi, faisant plonger les Bourses mondiales.
Une surtaxe qui concerne autant les avocats et les tomates mexicaines que le bois de construction canadien.
Ottawa a rapidement annoncé des représailles tarifaires sur certains produits américains et assuré que la liste s'allongerait avec le temps.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum réserve pour l'instant sa réponse à un discours prévu dimanche. En attendant, elle a assuré mercredi que son pays comptait se tourner vers d'autres partenaires commerciaux si les Etats-Unis persistaient avec ses droits de douane.
"Les portes au dialogue (...) doivent toujours rester ouvertes", a déclaré Mme Sheinbaum, qui doit s'entretenir jeudi par téléphone avec le président Trump.
Ce dernier reproche aux deux pays de ne pas suffisamment lutter contre le trafic de fentanyl et estime que les droits de douane pourraient forcer Ottawa et Mexico à en faire plus.
- Rentrées fiscales -
Mais Donald Trump défend également l'utilisation des droits de douane comme arme commerciale, pour inciter les entreprises à s'installer aux Etats-Unis afin d'éviter ces surtaxes et protéger les entreprises américaines de leurs concurrents étrangers sur le marché intérieur.
Il y voit enfin un moyen de créer de nouvelles rentrées fiscales pour le gouvernement fédéral, lui qui souhaite pousser plus loin les baisses d'impôts accordées durant son premier mandat.
Ces usages multiples des droits de douane préoccupent de plus en plus les entreprises américaines, alors que les indicateurs commencent à montrer des signes de ralentissement de l'économie américaine.
Mercredi, les créations d'emploi dans le secteur privé ont nettement ralenti en février et le secteur des services montre à son tour des signes d'inquiétude, tant du fait des droits de douane que des réductions de dépenses fédérales.
D'autant que les signaux sont contradictoires de la part des Etats-Unis: s'il a ouvert la porte au Mexique et le Canada, Howard Lutnick n'a ainsi pas mentionné la Chine, qui s'est vue imposer 20% de droits de douane supplémentaires et a annoncé des mesures de rétorsion.
M. Lutnick a aussi confirmé que des droits de douane dits réciproques seront bien mis en place le 2 avril.
Il s'agit là de taxer les produits en provenance d'un pays au même niveau que les produits américains le sont à l'entrée dans ce même pays.
R.Ryan--NG