

Prise d'otages au Pakistan: trois morts et des centaines de passagers du train toujours retenus
Trois personnes ont été tuées dans l'attaque d'un train dans le sud-ouest du Pakistan, menée par des séparatistes baloutches, qui retiennent toujours des centaines de passagers en otage.
Les forces de sécurité sont parvenues à libérer "plus de 100" passagers retenus en otage dans ce train, pris d'assaut au Baloutchistan, région frontalière de l'Iran et de l'Afghanistan, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Mohsen Naqvi.
Il s'agit de "58 hommes, 31 femmes et 15 enfants", d'après des sources de sécurité.
A la mi-journée, l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA), le principal groupe séparatiste de cette province, avait annoncé avoir bloqué un train transportant, selon les chemins de fer locaux, plus de 450 personnes et arrêté au niveau de la ville de Sibi.
"Un policier, un soldat et le conducteur du train ont été tués", a dit Mohammed Aslam, un responsable des chemins de fer d'une ville voisine, où la gare a été transformée en hôpital de campagne.
Ce bilan a été confirmé à l'AFP par un soignant sur place, Nazim Farouq, posté dans le hall de la gare où des draps ont été tendus au sol pour accueillir des blessés.
- Bandages et cordons policiers -
Des médicaments et des bandages ont été amenés sur les lieux, gardés par des cordons de policiers et de paramilitaires.
"Les efforts se poursuivent pour assurer la libération en toute sécurité des passagers restants", ont ajouté les sources de sécurité.
L'armée n'a pas fait de commentaire jusqu'ici.
Le ministre Naqvi a lui prévenu: "les assaillants sans pitié qui ont tiré sur des innocents ne méritent aucune clémence".
"Seize terroristes ont été tués", a-t-il ajouté, alors que des sources de sécurité font état "d'importants échanges de tirs" et de "17 blessés hospitalisés", alors que l'hôpital de Sibi a été placé en état d'alerte en début d'après-midi.
Dans un communiqué, la BLA a de son côté assuré avoir "détruit la voie ferrée avec des explosifs, forçant le Jaffar Express à s'arrêter".
D'après un haut fonctionnaire de Sibi, le convoi y a été bloqué vers 13H00 (08H00 GMT) après que "des hommes armés" l'ont forcé à s'arrêter.
Il était parti de Quetta, la capitale du Baloutchistan, vers 09H00 en direction de Peshawar, la capitale de la province voisine du Khyber-Pakhtunkhwa, qu'il devait rallier après 30 heures de trajet.
Un haut responsable policier a de son côté ajouté que le train était "bloqué à l'entrée d'un tunnel entouré de montagnes".
La BLA revendique régulièrement des attaques meurtrières contre les forces de l'ordre et les Pakistanais originaires d'autres provinces.
Ils les accusent, au même titre que les investisseurs étrangers, de piller leur province riche en ressources naturelles sans laisser la population locale bénéficier de cette manne.
- Pendjabis visés -
Cette province, la plus pauvre du cinquième pays le plus peuplé au monde, est riche en hydrocarbures et en minerais mais ses habitants se plaignent d'être marginalisés et privés de ce que rapportent ces ressources naturelles.
De nouveau mardi soir, un otage libéré a raconté à l'AFP que les assaillants avaient "vérifié les papiers d'identité" des passagers et "mis à l'écart ceux qui étaient originaires du Pendjab", perçus comme dominant les rangs de l'armée, engagée dans la bataille contre les séparatistes.
"Ils ont abattu deux soldats devant moi, avant d'en embarquer quatre autres vers je ne sais où", a-t-il encore dit, en refusant de donner son nom.
En août, des combattants de la BLA avaient tué 39 personnes, notamment en vérifiant les cartes d'identité des passagers sur différentes routes avant de les abattre s'ils étaient Pendjabis.
Début novembre, la BLA avait revendiqué une attaque à la bombe posée sur un quai de la gare de Quetta qui avait fait 26 morts, dont 14 soldats.
Le Pakistan connaît une recrudescence d'attaques, en particulier d'islamistes et de séparatistes, principalement au Baloutchistan et dans le Khyber-Pakhtunkhwa, qui borde également l'Afghanistan.
Le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad estime que l'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie avec plus de 1.600 personnes ayant péri dans des attaques, dont 685 membres des forces de sécurité.
A.Kenneally--NG