L'aéroport de Paris-Charles de Gaulle à son tour touché par des annulations de vols
Plutôt épargné jusqu'alors par les difficultés logistiques liées au retour massif des voyageurs, l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle a été contraint d'annuler un quart des vols prévus jeudi matin en raison d'une grève des personnels de l'aéroport qui demandent des hausses de salaire.
Comme d'autres aéroports européens ces derniers mois, l'aéroport francilien est confronté à de graves problèmes de personnels. Les employés ont annoncé une grève et l'aéroport a été contraint d'annuler une centaine de vols jeudi entre 7h00 et 14h00 "afin de limiter les perturbations du trafic", a indiqué la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), confirmant une information de RTL.
Face au redémarrage soudain du trafic aérien en Europe après deux ans de quasi mise à l'arrêt en raison de la pandémie de Covid-19, plusieurs aéroports européens se retrouvent mal préparés et incapables de gérer les flux de passager.
A Amsterdam-Schiphol comme à Francfort, des centaines de vols ont dû être annulés ces dernières semaines en raison de pénuries de personnels au sol et notamment de personnels de sécurité. Des files d'attente monstre ont provoqué la colère des voyageurs.
Au Royaume-Uni, des centaines de vols ont été annulés la semaine dernière pour la même raison, juste avant le jubilé de la reine Elizabeth II et alors que s'annonce une saison estivale chargée.
A Roissy, c'est la grève elle-même qui conduit à l'annulation de vols, mais les prévisions élevées de trafic estival font là aussi craindre des saturations.
Eurocontrol a compté fin avril un nombre de vols équivalant à 83% du niveau de la même période de 2019 et pour l'été, l'organisme de surveillance du trafic aérien européen prévoit jusqu'à 95% du niveau de 2019, tandis que les compagnies signalent des réservations massives.
- Hausses de salaire -
A Roissy, la grève des personnels au sol est soutenue par une intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa et SUD), qui réclame 300 euros de hausse de salaire "sans condition, pour toutes et tous".
"Malgré la reprise du trafic et les bénéfices engrangés, notre travail n'est pas rémunéré à sa juste valeur", s'indignent les syndicats dans un tract commun. "Tout augmente, sauf nos rémunérations", dénoncent-ils.
Pour FO, "le chaos subi depuis plusieurs semaines par les salariés travaillant sur les nombreuses plateformes aéroportuaires en France et en Europe est intolérable". Le syndicat estime à 15.000 le nombre d'emplois perdus en deux ans dans le secteur aérien en raison de la pandémie de Covid-19, ce qui aboutit à des "salariés pressurisés".
Fin avril, le patron d'Aéroport de Paris (ADP) Augustin de Romanet avait chiffré à 4.000 le nombre de postes à pourvoir à Orly et Roissy et fait part d'énormes difficultés de recrutement.
ADP, qui s'est séparé de 1.300 salariés en 2021 pour traverser la crise, cherche à recruter 600 personnes pour combler les départs.
La pénurie frappe surtout les techniciens de maintenance, des personnels qualifiés chargés de régler les dysfonctionnements sur les passerelles ou dans le tri des bagages.
Autres endroits de tension majeure: les points d'inspection filtrage (PIF) et la police aux frontières (PAF).
Les points d'inspection filtrage, où bagages et passagers sont contrôlés, nécessitent environ 5.000 agents pour fonctionner correctement à Roissy et Orly. Selon le Syndicat des entreprises de sûreté aérienne et aéroportuaire (SESA), entre 300 et 500 postes seraient à pourvoir.
Côté police aux frontières, l'attente à l'arrivée des vols "est insupportable pour les passagers", avait reconnu Augustin de Romanet. "On se bat comme des lions" pour avoir davantage de fluidité mais "le ministère de l'Intérieur a de fortes contraintes", avait-il précisé.
Ch.Hutcheson--NG