Après la fronde, Boris Johnson tente de se relancer en se présentant "du côté des Britanniques"
Trois jours après avoir survécu à un vote de défiance mené par son propre camp, le Premier ministre britannique Boris Johnson a tenté de se relancer en se plaçant "du côté des Britanniques", à qui il promet des mesures face à la hausse du coût de la vie.
Fragilisé par ce vote qui a vu lundi plus de 40% de sa majorité tenter de l'évincer, le chef du gouvernement conservateur espère tourner la page du "partygate" et se maintenir, affirmant vouloir se concentrer sur les priorités des Britanniques, étranglés par une inflation au plus haut depuis quarante ans.
"Nous sommes confrontés à des pressions mondiales sur les prix causées par les effets persistants du Covid et le choc de l'agression de (Vladimir) Poutine en Ukraine", mais "nous nous en sortirons", a déclaré jeudi Boris Johnson lors d'un discours à Blackpool (nord-ouest) de l'Angleterre).
Rappelant les dernières mesures du gouvernement face à l'inflation qui atteint désormais 9%, dont la récente annonce d'un plan de 15 milliards de livres (17 milliards d'euros) d'aide aux ménages, le dirigeant conservateur a promis de soutenir les Britanniques "aussi longtemps que nécessaire", répétant que le gouvernement était "de leur côté".
Il a notamment annoncé de nouvelles aides destinées à aider les Britanniques à accéder au "rêve" de devenir propriétaires, devenu "inaccessible" notamment en raison du coût exponentiel des crédits immobiliers qu'il veut passer en revue.
Le Premier ministre veut en particulier étendre la possibilité --mise en place sous Margaret Thatcher-- donnée aux locataires de logements sociaux d'en devenir propriétaires. Des associations d'aide au logement telles que Shelter s'inquiètent cependant de voir par ricochet se réduire drastiquement le nombre de logements à loyer abordable accessibles, déjà considérées comme étant en nombre insuffisant.
Outre le logement, le gouvernement travaille à des mesures pour réduire les prix de l'alimentation, du transport et des frais de garde d'enfants, a affirmé Boris Johnson. Il a répété vouloir baisser la fiscalité malgré la hausse de ces derniers mois qui horripile une grande partie de l'électorat conservateur.
- Autorité fragilisée -
Son discours intervient alors que les prix des carburants à la pompe et des produits alimentaires flambent et que les factures d'énergie vont subir une nouvelle hausse massive à l'automne. Le prix moyen d'un plein a dépassé jeudi le seuil des 100 livres (117 euros), du jamais vu.
Avec ces nouvelles annonces, le Premier ministre, devenu très impopulaire deux ans et demi après son triomphe électoral, veut tourner la page après le vote de défiance qui l'a visé en raison du "partygate", ces fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-Covid qui lui ont valu une amende --une première pour un Premier ministre en exercice au Royaume-Uni.
Mercredi, alors qu'il affrontait les députés pour la première fois depuis le vote, le dirigeant conservateur a semblé réussir --au moins temporairement-- à rallier ses troupes face aux attaques de l'opposition travailliste.
Mais même s'il ne peut pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, il voit son autorité mise à mal par l'ampleur de la fronde. Il a désormais pour délicate mission de séduire de nouveau ses troupes et son électorat.
Rassembler son parti, divisé, s'annonce difficile. Le risque est fort de voir les députés mécontents faire de l'obstruction à l'action future du gouvernement, par exemple aux révisions prévues incessamment du statut post-Brexit de l'Irlande du Nord, qui annonce de nouvelles tensions avec l'Union européenne.
D'autant que Boris Johnson n'en a pas terminé avec les répercussions du "partygate".
Après celles de la police et de la haute fonctionnaire Sue Gray, une autre enquête, cette fois parlementaire, est prévue. Si cette dernière conclut, a priori à l'automne, qu'il a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.
Deux élections partielles le 23 juin auront aussi valeur de test pour le dirigeant conservateur qui écarte l'hypothèse de législatives anticipées, les élections devant avoir lieu en 2024.
R.Ryan--NG