

Le télétravail expose à "de nouveaux risques psychosociaux", selon une étude
Le télétravail, qui s'est durablement installé depuis la pandémie de Covid-19, a des avantages pour les salariés, mais il les expose aussi à des "risques psychosociaux émergents", identifiés dans une étude de la Dares publiée vendredi.
L'étude du service statistique du ministère du Travail se concentre sur ces risques pour les salariés concernés (26% en 2023), "souvent abordés de manière fragmentée" jusqu'alors, sans revenir sur les apports associés au télétravail comme de favoriser l’autonomie, de réduire les trajets domicile-travail, de permettre de faire face à des problèmes de santé...
En se fondant sur différents travaux parus sur le sujet, l'étude de la Dares identifie trois grandes catégories de risques : "la distanciation des relations sociales, l'intensification du travail et la difficile articulation des temps de vie".
Sur le premier point, l'étude relève notamment que la distance avec la hiérarchie peut "entraver la communication", "accentuer les tensions liées aux échanges écrits qui se multiplient par le biais de courriels, de messages instantanés ou d'autres plateformes" ou encore avoir un impact sur la carrière (opportunités de formation, primes, etc.).
La distance avec les collègues peut aussi affecter la dynamique collective, créer de l'isolement ou rendre plus compliqué le travail des représentants du personnel.
Concernant l'intensification du travail, l'étude relève qu'elle "ne semble pas nécessairement augmenter" en télétravail. Mais le risque de "surcharge mentale et d'épuisement professionnel" peut être augmenté notamment par une hyperconnectivité ou des limites horaires pouvant être plus "floues". Les télétravailleurs peuvent aussi se sentir obligés de travailler plus pour prouver leur engagement, des "mécanismes de redevabilité".
Sur l'articulation vie privée/vie professionnelle, l'étude souligne que le télétravail apporte une meilleure conciliation en permettant la réduction des temps de transport, la flexibilité des horaires et une disponibilité familiale accrue. "Cependant, ces constats généraux se confrontent à une réalité plus complexe", note la Dares. Il y a notamment un "brouillage des frontières", "un risque de réassignation des femmes au foyer, surtout des mères" et des risques accrus de violences domestiques.
L'étude conclut que le télétravail "expose à de nouveaux risques psychosociaux" et que les effets de la distanciation sociale sont "bien documentés", les résultats sur l’intensité du travail étant "plus nuancés", tandis que la difficile articulation entre vie familiale et vie professionnelle "est spécifique à certains contextes et concerne plus particulièrement les mères".
P.Connor--NG