Nottingham Guardian - Dominique Bernard, un enseignant "brillant" et "apprécié"

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Dominique Bernard, un enseignant "brillant" et "apprécié"
Dominique Bernard, un enseignant "brillant" et "apprécié" / Photo: FRANCOIS LO PRESTI - AFP

Dominique Bernard, un enseignant "brillant" et "apprécié"

Dominique Bernard, le professeur de français tué vendredi dans l'attaque au couteau dans un collège-lycée d'Arras, était un enseignant "passionné" et "apprécié de ses élèves et de ses collègues", selon les témoignages recueillis par l'AFP.

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"C'était quelqu'un de brillant, intelligent, cultivé, toujours à l’écoute, agrégé de lettres. Il aimait beaucoup la littérature, Julien Gracq", raconte à l'AFP Paule Orsini, son ex-collègue au collège-lycée Gambetta d'Arras, où elle a enseigné la philosophie de 1987 à 2011. "Il aimait enseigner et il était très agréable".

"C'était un prof très sympathique, avec qui on rigolait en salle des profs", a renchéri auprès de l'AFP devant l'établissement Fabien Dufay, professeur d'EPS.

Agrégé de Lettres modernes de 57 ans, Dominique Bernard a été tué vendredi matin par Mohammed Mogouchkov, un homme d'une vingtaine d'années fiché pour radicalisation, qui a aussi blessé trois autres personnes. Ce professeur, qui enseignait le français au collège, a été tué avant même que l'assaillant ne pénètre dans l'établissement.

Emmanuel Macron, qui s'est recueilli devant son corps, a précisé qu'il s'était interposé et "a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies".

C'était "un collègue fidèle au poste", "en fin de carrière qui tentait de faire au mieux pour son métier", a expliqué à l'AFP Nicolas Penin, secrétaire départemental Unsa-Education du Pas-de-Calais. "Il pensait terminer sa carrière en lycée de centre-ville. Cela faisait un moment qu'il était là", à Arras.

Originaire de cette ville du Pas-de-Calais, père de trois grandes filles, selon plusieurs sources, et marié à une enseignante en poste dans un autre établissement de la région, Dominique Bernard avait fait ses études de Lettres à Lille.

"C’était quelqu’un d’humainement très riche, très généreux, très attentif aux autres", raconte à l'AFP Bruno Lecat, l'un de ses amis de jeunesse, qui a fait ses études de Lettres avec lui.

"C‘était quelqu’un de passionné de littérature, extrêmement sensible. C’était vraiment une belle personne", poursuit-il, gagné par l'émotion.

- "Profonde bonté" -

"Il était respectueux, un peu secret, très délicat", témoigne de son côté à l'AFP Nathalie Raoul, qui a fait du théâtre avec lui pendant plusieurs années dans une compagnie cofondée par Dominique Bernard, en parallèle de leurs études à Lille.

"Il avait une personnalité fondamentale dans le fonctionnement de la troupe, avec beaucoup de discrétion et de singularité".

Elle se souvient d'un étudiant "très intelligent, pas du tout dans les modes, les courants, une personnalité bien particulière", neveu du journaliste du Monde Henri Tincq, spécialiste des religions, et issu d'une famille "d’un catholicisme éclairé".

"Il avait un rapport très profond mais très discret à la religion", se rappelle-t-elle. "C'est quand même terrifiant que ce soit cet homme si bon, d’une profonde bonté illuminée peut-être par sa croyance, qui soit tué par l’arme d'un fou de Dieu", lance-t-elle.

A Arras, Dominique Bernard avait cofondé en 2002 l’université populaire d'Arras avec Paule Orsini et deux autres amis, fermée en 2014. "Nous y dispensions des cours de philosophie, de lettres, de cinéma aussi", à destination d'étudiants ou d'adultes, raconte l'enseignante, qui décrit "un homme avec un regard très vif, des yeux bleus".

"Nous sous sommes liés d’amitié très rapidement. Nous avons beaucoup conversé sur la littérature, la philosophie, nous avons beaucoup ri aussi", se souvient-elle. "Aujourd’hui, il a montré qu’il était très courageux. Je le savais, mais ça n’a fait que le prouver".

Pour son ami de jeunesse Bruno Lecat, "c’était quelqu’un de très investi dans son travail, qui a payé son engagement de sa vie".

"Ça fait partie de ces professeurs qui sont en première ligne, et qui ont de véritables valeurs républicaines", poursuit ce professeur de Lettres. "Ca m’a complètement effondré. Après Samuel Paty, c'est terrible".

H.Davenport--NG