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Brésil: vivre à Recife dans la peur d'être enseveli sous la boue
Brésil: vivre à Recife dans la peur d'être enseveli sous la boue / Photo: SERGIO MARANHAO - AFP

Brésil: vivre à Recife dans la peur d'être enseveli sous la boue

"Nous restons réveillés jusqu'au petit matin, avec la peur que la colline nous tombe dessus": Claudia do Rosario, comme d'autres habitants de Recife (nord-est du Brésil), craint tous les jours pour sa vie, alors que les glissements de terrain dus à des pluies torrentielles ont déjà fait plus d'une centaine de morts.

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Dans le quartier pauvre de Vila dos Milagres, à quelques rues de sa bicoque au toit de tôle et aux murs roses suintant d'humidité, les fortes précipitations du week-end dernier ont provoqué des coulées qui ont tout emporté sur leur passage, ensevelissant de nombreuses habitations.

Mercredi après-midi, les autorités locales ont estimé à 120 le nombre de morts. Celui des personnes sans abri s'est elevé de son côté à 7.312.

Les voisins sinistrés "ont appelé les gens de la Défense civile plusieurs fois et personne n'est venu. Ce n'est que lorsqu'il y a eu des morts qu'ils sont venus. Ils attendent qu'il se passe la même chose ici pour venir?", lance cette femme de 43 ans sans emploi.

Même angoisse du côté de Maria Lucia da Silva. "A chaque fois qu'il pleut, la colline cède un peu... Nous sommes pleins d'appréhension ici. Nous appelons les autorités mais jusqu'à présent elles ne nous ont donné aucune solution, elles disent que la priorité, c'est la partie du quartier qui a été le plus touchée", avance la commerçante de 37 ans.

Là-bas, où se sont produits les glissements de terrain, les pompiers, les agents d'entretien et d'autres fonctionnaires s'activent ce mercredi à la recherche de personnes portées disparues, comme le constate un vidéaste de l'AFP.

- Zones exposées -

La mairie de Recife, la capitale de l'Etat du Pernambouc, a affirmé qu'elle avait ouvert des numéros de téléphone et de messagerie WhatsApp pour que les habitants fassent état des incidents. Selon elle, plus de 200 fonctionnaires se trouvaient mercredi dans ce quartier, oeuvrant dans "le nettoyage, l'assistance sociale, la défense civile et la santé".

Un refuge a été monté à Vila dos Milagres pour fournir assistance médicale, vêtements et articles de première nécessité aux sinistrés.

Entre vendredi soir et samedi matin, il a plu l'équivalent de 70% de ce qui est normalement attendu pour l'ensemble du mois de mai dans certaines zones de la capitale régionale.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a survolé les zones inondées lundi et le gouvernement a débloqué un crédit de 1 milliard de réais (environ 198 millions d'euros) pour venir en aide aux sinistrés.

Le chef de l'Etat d'extrême droite avait été critiqué pour avoir dit que ce type de catastrophe, ce sont "des choses qui arrivent", après notamment une tragédie similaire qui a fait 233 à Petropolis, près de Rio de Janeiro (sud-est), en février.

D'autres inondations meurtrières avaient eu lieu à la fin de l'année dernière dans l'Etat de Bahia (nord-est), puis en janvier dans le sud-est, dans les Etats de Sao Paulo et Minas Gerais

Les experts expliquent ces épisodes par une combinaison de fortes pluies, exacerbées par le changement climatique, et l'implantation de quartiers entiers faits de logements précaires dans des zones escarpées à risque.

Le Centre national de surveillance et d'alerte des catastrophes naturelles du Brésil (Cemaden) estime que 9,5 millions de personnes au Brésil vivent dans des zones exposées aux glissements de terrain ou aux inondations, dont beaucoup dans des favelas - des bidonvilles - dépourvues de structures sanitaires de base.

A.Kenneally--NG