Nottingham Guardian - "Jihadi George", le plus cruel des "Beatles" de l'Etat islamique, devant la justice américaine

Euronext
AEX -0.9% 871.8
BEL20 -0.9% 4225.99
PX1 -0.56% 7313.56
ISEQ 0.19% 9718.4
OSEBX 0% 1425.05 kr
PSI20 -0.1% 6367.38
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 0.2% 3061.69
N150 -0.12% 3259.31
"Jihadi George", le plus cruel des "Beatles" de l'Etat islamique, devant la justice américaine
"Jihadi George", le plus cruel des "Beatles" de l'Etat islamique, devant la justice américaine

"Jihadi George", le plus cruel des "Beatles" de l'Etat islamique, devant la justice américaine

Le jihadiste El Shafee el-Sheikh, jugé aux Etats-Unis pour son rôle dans l'enlèvement et la mort d'otages occidentaux en Syrie, a laissé à ses captifs le souvenir d'un homme colérique et brutal qui avait l'ascendant sur ses pairs.

Taille du texte:

Cet homme de 33 ans, à la longue barbe frisée, est accusé d'avoir fait partie d'une cellule de combattants étrangers du groupe Etat islamique (EI) surnommés "les Beatles" par leurs prisonniers en raison de leur accent britannique.

Dans ce quatuor, soupçonné d'avoir capturé au moins 27 journalistes et humanitaires en Syrie entre 2012 et 2015, il était "George".

Malgré son acné et son jeune âge, il était "le plus fou, le plus brutal", se rappelle le reporter espagnol Javier Espinosa, qui a passé trois mois sous leur coupe.

"Il avait une haine de l'Occident et des Occidentaux profondément ancrée en lui."

Mohammed Emwazi, surnommé "Jihadi John", a davantage marqué les esprits en apparaissant, tout de noir vêtu et avec un couteau de boucher, sur les vidéos de propagande de l'EI.

Mais ce jihadiste, mort dans un bombardement en 2015, "n'était que les muscles", estime l'ancien otage espagnol dans un entretien avec l'AFP: "c'était George le leader: il décidait qui devait vivre ou mourir."

- "Se chauffer" -

Né en 1988 au Soudan, El Shafee el-Sheikh est arrivé enfant au Royaume-Uni. Un temps enrôlé dans un programme de jeunesse soutenu par l'armée britannique, il était devenu mécanicien.

A 21 ans, il a épousé une Ethiopienne rencontrée lors d'un voyage au Canada mais les services d'immigration britanniques n'ont pas autorisé son épouse à rentrer au Royaume-Uni, selon le site Counterextremism project.

Il a rapidement versé dans l'islamisme radical. En 2011, il a été arrêté devant l'ambassade américaine à Londres pour avoir pris part à une manifestation "contre les croisades américaines". Un an plus tard, il mettait le cap vers la Syrie avec Mohamed Emwazi.

Selon l'acte d'accusation, il s'est immédiatement procuré un fusil d'assaut AK-47 et a combattu dans les rangs du Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda, avant d'entrer au service de l'EI.

Entre 2012 et 2015, il a été "un des meneurs d'une cellule spécialisée dans la prise d'otage" et s'est "livré à des violences physiques et psychologiques" sur ses captifs, d'après ce document.

Les otages ont, selon la justice américaine, enduré différentes formes de torture: simulations de noyade, combats obligatoires entre eux, choc électrique du torse et des extrémités, privation de nourriture ou de sommeil....

- "Un subordonné" -

El Shafee el-Sheikh se montrait particulièrement sadique: après avoir filmé l'exécution d'un prisonnier syrien devant un groupe d'otages européens, il avait lancé à l'un d'eux: "c'est toi le prochain!"

"George aimait se chauffer jusqu'à ne plus se contrôler", a raconté après sa libération le journaliste français Nicolas Hénin.

En janvier 2018, le jihadiste a été capturé par les forces kurdes syriennes avec Alexanda Kotey, alias "Ringo". Avant d'être remis aux forces américaines et transférés en Irak, les deux hommes ont donné plusieurs interviews à des médias étrangers.

Dans un entretien vidéo toujours en ligne sur le site du Washington Post, El Shafee el-Sheikh admet avoir "interagi" avec plusieurs otages étrangers, dont il cite le nom, et n'avoir pas manifesté de "compassion" à leur égard.

Il se décrit toutefois comme "un subordonné, pas un leader", ayant eu pour tâche de récupérer les adresses e-mail de leurs proches pour négocier les rançons, mais pas de les interroger.

Quant aux violences qui lui sont imputées, "c'est n'importe quoi", jure-t-il.

En 2020, les deux hommes, déchus de leur nationalité britannique, ont été transférés d'Irak aux Etats-Unis, après que Washington eut promis de ne pas requérir la peine de mort à leur encontre.

Depuis, Alexanda Kotey a plaidé coupable, dans l'espoir de pouvoir purger une partie de sa peine au Royaume-Uni. El Shafee el-Sheikh maintient lui qu'il n'est pas coupable. Les jurés en décideront d'ici un mois environ.

F.Coineagan --NG