Raids israéliens meurtriers à Gaza, la trêve avec le Hamas retardée
L'armée israélienne a mené dimanche de nouvelles frappes meurtrières à Gaza, où l'entrée en vigueur du cessez-le-feu a été retardée, le Hamas palestinien n'ayant pas encore remis la liste d'otages devant être libérés dans la journée réclamée par Israël.
L'armée israélienne a mené des frappes sur le nord du territoire palestinien, où huit personnes ont été tuées selon la Défense civile locale.
Plusieurs explosions ont été entendues et des panaches de fumée noire se sont élevés dans le secteur de Beit Hanoun, après 07H00 GMT, a constaté un journaliste de l'AFP présent à Sdérot, ville israélienne à la lisière nord de Gaza.
L'accord de cessez-le-feu était censé entrer en vigueur à 06H00 GMT mais l'armée israélienne a annoncé qu'il avait été retardé.
"Selon les directives du Premier ministre (Benjamin Netanyahu), le cessez-le feu n'entrera pas en vigueur tant que le Hamas ne tient pas ses engagements", a-t-il dit.
Le Hamas a reconnu dans un communiqué un retard "dans la fourniture des noms des otages devant être libérés", et ce "pour des raisons techniques sur le terrain".
L'accord de trêve négocié par le Qatar avec l'aide des Etats-Unis et de l'Egypte devait ouvrir la voie à de premières libérations dans la journée d'otages israéliens retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
- "Cessez-le-feu provisoire? " -
Arraché par les médiateurs mercredi, sous fortes pressions internationales quelques jours avant l'investiture du nouveau président américain Donald Trump, l'accord a nourri les espoirs de paix durable malgré un autre avertissement de Benjamin Netanyahu.
Ce dernier a prévenu samedi qu'il s'agissait "d'un cessez-le-feu provisoire" et que son pays se gardait "le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des Etats-Unis".
Selon les termes de l'accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase étalée sur six semaines.
En échange, Israël doit libérer 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, l'Egypte faisant état de son côté de "plus de 1.890" d'entre eux devant être libérés durant cette première phase.
Trois points d'accueil ont été installés à la frontière sud d'Israël avec Gaza, aux passages de Kerem Shalom, Eretz et à celui proche du kibboutz Réïm, a précisé un responsable militaire. Les captifs seront pris en charge par des médecins.
Des otages seront libérés dès dimanche, a annoncé le gouvernement israélien, sans préciser leur nombre ou à quelle heure.
- "Respirer de nouveau" -
Selon des sources proches du Hamas, le premier groupe d'otages libérés doit comprendre trois Israéliennes.
Israël a désigné 95 détenus palestiniens libérables dimanche, des femmes et mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7-Octobre. Leur libération interviendra après 14H00 GMT, avaient indiqué les autorités.
Parmi les prisonniers appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté, écroué en 2019.
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables, selon Paris. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d'une première trêve d'une semaine en novembre 2023.
"Quand ils franchiront la frontière (de Gaza) et qu'ils seront réunis avec leurs familles, alors peut-être que nous pourrons respirer de nouveau", a dit à l'AFP samedi soir Shahar Mor Zahiro, neveu d'un otage décédé.
- 600 camions d'aide -
D'après le président américain Joe Biden, la première phase de l'accord comprend aussi un retrait israélien des zones densément peuplées à Gaza et une augmentation de l'aide humanitaire dans le territoire menacé par la famine selon l'ONU.
Les autorités égyptiennes ont précisé que l'accord prévoyait "l'entrée de 600 camions d'aide par jour", incluant 50 camions de carburant.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
"Nous attendons ce moment avec impatience. Nous voulons être en sécurité", a dit à l'AFP Ahmed Hamouda, un déplacé palestinien, à Deir el-Balah (centre).
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
L'attaque a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.
Au moins 46.899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.
Considérablement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est toutefois encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif qu'avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.
Y.Urquhart--NG