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Face aux violences, la Colombie réactive les mandats d'arrêt visant les chefs d'une guérilla
Face aux violences, la Colombie réactive les mandats d'arrêt visant les chefs d'une guérilla / Photo: Schneyder Mendoza - AFP

Face aux violences, la Colombie réactive les mandats d'arrêt visant les chefs d'une guérilla

La Colombie a réactivé les mandats d'arrêt contre les principaux chefs de la guérilla de l'ELN mercredi après une flambée de violence qui contrecarre les velléités de "paix totale" du gouvernement de gauche, dans un pays marqué par six décennies de conflit armé.

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En moins d'une semaine, les affrontements entre groupes armés pour le contrôle de territoires, de lucratives plantations de coca, et de routes du trafic de drogue, ont fait plus de 100 morts dans trois régions de Colombie, dont plus de 80 morts et quelque 32.000 déplacés dans la seule zone montagneuse du Catatumbo (nord-est), frontalière du Venezuela.

Là, la guérilla de l'ELN, pour Armée de libération nationale, a lancé jeudi une attaque sanglante contre des dissidents rivaux de la défunte guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC)- qui ont refusé l'accord de paix de 2016 et repris les armes - mais aussi contre la population civile.

Des affrontements mortels ont également eu lieu ces derniers jours dans le sud du pays, entre des factions opposées des dissidents des FARC, et dans le nord, entre l'ELN et le cartel de narcotrafiquants du Clan del Golfo.

Mais c'est la situation dans le nord-est du pays qui a poussé le gouvernement colombien à déclarer lundi l'état d'urgence et à mobiliser 5.000 soldats dans la région.

La guérilla ELN a été fondée en 1964 par des syndicalistes et des étudiants sympathisants d'Ernesto "Che" Guevara et de la révolution cubaine. Ses effectifs sont estimés à quelque 6.000 combattants.

- 31 chefs de la guérilla -

Le parquet général de Colombie a annoncé mercredi révoquer la suspension des mandats d'arrêt dont bénéficiaient 31 dirigeants de l'ELN désignés comme porte-paroles dans les négociations de paix avec le gouvernement, mettant en avant "la commission de nouveaux délits".

Les mandats contre 18 dirigeants, dont le principal négociateur de paix Pablo Beltran, avaient été mis en suspens en août 2022. Un deuxième groupe de chefs de cette guérilla, parmi lesquels Antonio Garcia, avait bénéficié de la même mesure en 2023.

La plupart des membres des FARC ont déposé les armes à partir de 2016, le mouvement révolutionnaire se transformant en parti politique. Mais des factions dissidentes ont continué à prospérer dans certaines parties du pays, se livrant au crime organisé et au trafic de drogue.

A son arrivée au pouvoir en 2022, Gustavo Petro s'était engagé à sortir par le dialogue du conflit armé vieux de six décennies dans le pays. Il négociait depuis avec plusieurs organisations armées du pays, dont l'ELN, sans parvenir jusqu'ici à des accords concrets avec les guérillas, les narcotrafiquants, ni les groupes paramilitaires d'extrême droite.

-"Signal d'alarme"-

"Il y a un échec ici. Un échec de la nation" dans le Catatumbo, a reconnu mardi M. Petro, qui accuse l'ELN de "crimes de guerre".

"Nous ne devons pas faiblir, nous ne devons pas renoncer à la paix", a déclaré mercredi à la presse le ministre colombien des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo, depuis le siège de l'ONU à New York.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Colombie a pour sa part regretté devant le Conseil de sécurité que "le vide laissé par l'État" dans les zones reculées de Colombie facilite le "contrôle territorial et social" de la population civile, et exhorté le gouvernement à mettre en œuvre "pleinement" l'accord de paix de 2016 qui contient notamment des mesures contre la pauvreté rurale et l'exclusion.

"La crise du Catatumbo devrait être un signal d'alarme pour l'administration de Petro", dont la politique dite de paix totale, couplée à l'"absence de politiques efficaces de sécurité et de justice, a permis aux groupes armés d'étendre leur présence et leur contrôle brutal" dans les communautés rurales à travers tout le pays, a interpellé la directrice pour les Amériques de l'ONG Human Rights Watch, Juanita Goebertus, dans un communiqué.

Ch.Hutcheson--NG