La Colombie envoie deux avions aux Etats-Unis pour rapatrier des concitoyens expulsés
La Colombie a annoncé lundi le décollage de deux avions militaires aux Etats-Unis pour rapatrier des migrants colombiensexpulsés par les autorités américaines, au lendemain d'un bras de fer à ce sujet entre les deux pays.
Les deux avions ont décollé de Bogota (centre) en direction de la ville américaine de San Diego (sud-ouest) et celle de Houston (sud), a annoncé l'armée de l'air colombienne sur X.
"Au petit matin, nos concitoyens arriveront sur le territoire colombien. Ils seront transportés par notre aviation et arriveront sans être menottés", a déclaré le président colombien de gauche Gustavo Petro.
Son homologue américain Donald Trump a fait valoir lundi que "l'Amérique (était) à nouveau respectée".
"Comme vous l'avez vu hier, nous avons clairement dit à tous les pays que (...) nous allons renvoyer les criminels, les étrangers illégaux qui viennent de (ces) pays", a affirmé M. Trump.
Si les Etats concernés s'y opposent, "ils paieront un prix économique très élevé et nous mettrons immédiatement en place des droits de douane massifs et d'autres sanctions", a-t-il mis en garde.
Dimanche soir, Bogota a finalement déclaré que "l'impasse" avec les Etats-Unis était "surmontée" et Washington a levé sa menace d'imposer des droits de douane de 25% sur tous les biens colombiens entrant aux Etats-Unis, qui devaient être portés à 50% dans une semaine.
Au Brésil voisin, c'est l'expulsion de 88 Brésiliens par les Etats-Unis qui a généré un bras de fer entre les deux pays. Le gouvernement brésilien s'est emporté samedi contre le "traitement dégradant" infligé aux migrants pendant leur voyage de rapatriement, ces derniers ayant été notamment menottés à bord de l'avion, qui a atterri vendredi à Manaus (nord).
Le gouvernement brésilien a convoqué lundi le chargé d'affaires de l'ambassade américaine à Brasilia pour lui réclamer des explications.
- Rendez-vous pour visa annulés -
Après avoir suspendu ses sanctions douanières contre Bogota, Washington a assuré que le gouvernement colombien avait accepté toutes ses conditions sur le rapatriement de migrants, "y compris l'acceptation sans restriction de tous les étrangers illégaux de Colombie renvoyés des Etats-Unis, y compris à bord d'avions militaires américains, sans limitation ni délai".
"Nous étions au bord d'une situation très critique", a reconnu lundi l'ambassadeur colombien à Washington, Daniel Garcia Peña, en expliquant qu'il y avait eu dimanche "des moments un peu tendus des deux côtés, mais (que) le canal de communication est toujours resté ouvert".
Les sanctions américaines relatives à la délivrance de visas doivent en revanche être maintenues "jusqu'à ce que le premier vol d'expulsés colombiens soit arrivé avec succès", selon Washington.
Lundi matin, devant l'ambassade des Etats-Unis à Bogota, des dizaines de personnes faisaient la queue pour demander des informations sur leurs rendez-vous pour obtenir un visa, annulés la veille pour certains.
"Je ne sais pas quoi faire, je suis angoissée", a déclaré à l'AFP Milena Gonzalez, une femme au foyer de 53 ans.
Cristian Espinal, un étudiant venu de Medellin après l'annulation de son rendez-vous de visa, s'est dit frustré par le comportement "précipité et imprudent" de Gustavo Petro.
Investi le 20 janvier, Donald Trump a promis de lancer "le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine". Depuis son retour au pouvoir, la Maison Blanche s'est targuée de l'arrestation de centaines de "migrants criminels illégaux", soulignant qu'ils avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils, comme c'était le cas précédemment.
Depuis l'investiture de Donald Trump, les Etats-Unis ont effectué des expulsions vers la Colombie, le Guatemala, le Brésil et le Mexique.
Lundi, le Mexique a indiqué avoir accueilli 4.000 migrants expulsés des Etats-Unis depuis le 20 janvier, et ne pas avoir noté de "hausse substantielle" par rapport aux 190.000 Mexicains expulsés des Etats-Unis entre janvier et novembre 2024 (environ 17.000 par mois).
O.Ratchford--NG