Nottingham Guardian - Cuba: les familles de prisonniers dans l'incertitude après l'interruption des remises en liberté

Euronext
AEX 1.32% 916.91
BEL20 0.63% 4326.84
PX1 0.72% 7928.82
ISEQ 0.81% 10313.95
OSEBX 0.56% 1518.84 kr
PSI20 0.13% 6539.02
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 0.95% 3143.95
N150 0.87% 3415.01
Cuba: les familles de prisonniers dans l'incertitude après l'interruption des remises en liberté
Cuba: les familles de prisonniers dans l'incertitude après l'interruption des remises en liberté / Photo: Yamil LAGE - AFP/Archives

Cuba: les familles de prisonniers dans l'incertitude après l'interruption des remises en liberté

Tiraillées entre espoir et incertitude, des familles de prisonniers politiques à Cuba craignent de voir s'évanouir la promesse du gouvernement de remettre en liberté 553 personnes, après la décision de Donald Trump de réintroduire l'île sur la liste américaine des soutiens du terrorisme.

Taille du texte:

"Nous ne pouvons pas perdre espoir parce que je ne peux pas imaginer que mon fils va rester en prison pendant dix ans en étant innocent", confie à l'AFP Liset Fonseca, la mère de Roberto Perez Fonseca, arrêté pour avoir participé aux manifestations antigouvernementales du 11 juillet 2021 à San José de las Lajas, à 30 kilomètres de La Havane.

Cette mère cubaine espère que le gouvernement va tenir son engagement de libérer 553 prisonniers condamnés pour "divers délits", comme il l'a annoncé le 14 janvier dans le cadre d'un accord avec le Vatican, et dans la foulée du retrait de l'île de la liste noire américaine par l'ex-président Joe Biden (2021-2025).

Cependant la réinscription du pays sur cette liste moins d'une semaine plus tard par le nouveau locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, a fait l'effet d'une douche froide pour ces familles.

Les ONG de défense des droits humains ont depuis constaté l'interruption des remises en liberté par les autorités cubaines.

"Les remises en liberté n'ont pas repris", a déclaré cette semaine à l'AFP Camila Rodriguez, directrice de l'ONG Justicia 11J, basée à Mexico.

La plateforme "Todos", qui compile des informations de plusieurs ONG, a comptabilisé depuis le début de processus 192 remises en liberté, dont celles des dissidents José Daniel Ferrer et Felix Navarro.

Les autorités, qui n'ont pas communiqué de calendrier ni de listes des personnes bénéficiaires, se sont bornées à indiquer deux jours après le début du processus que 127 personnes étaient sorties de prison.

Felix Navarro, 71 ans, remis en liberté conditionnelle le 18 janvier, attend que sa fille Sayli, 38 ans, soit désormais libérée.

Le père et la fille ont été arrêtés le 12 juillet 2021, alors qu'ils tentaient d'en savoir plus auprès de la police sur le sort de manifestants. Ils ont été condamnés respectivement à neuf et huit ans de prison.

- "Loterie" -

Depuis son domicile à Matanzas (centre), le dissident estime que si les remises en liberté ont été décidées dans le cadre d'un accord avec le Vatican et non "avec Biden", ni "avec Trump", elles doivent se poursuivre.

Pour lui, le gouvernement agit comme en 2010 et 2011, lorsque 75 dissidents, emprisonnés puis condamnés lors de la vague répressive dite du "Printemps noir" en 2003, ont été libérés par vagues successives.

Lui-même et José Daniel Ferrer ont été les deux derniers à être libérés en 2011.

"J'ai la foi qu'ils vont la libérer un jour", ajoute-t-il, en référence à sa fille.

Felix Navarro, Sayli Navarro, José Daniel Ferrer et Roberto Perez Fonseca ont été déclarés "prisonniers d'opinion" par Amnesty international, de même que Luis Manuel Otero Alcantara, artiste plasticien et militant, toujours emprisonné à Guanajay, une prison de la province d'Artemisa (ouest), non loin de La Havane.

Arrêté le 11 juillet 2021, au moment où il tentait de rejoindre les manifestations antigouvernementales, ce dernier purge une peine de cinq ans de prison.

"L'incertitude n'en finit pas, et l'espoir non plus. Les deux choses cohabiteront jusqu'à ce qu'il soit libéré", a déclaré à l'AFP Yanelys Nuñez, commissaire d'exposition et amie de l'artiste.

Selon les chiffres officiels, quelque 500 manifestants du 11 juillet 2021 ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 25 ans de prison. Certains ont été libérés après avoir purgé leurs peines.

Les ONG de défense des droits humains et l'ambassade des États-Unis sur l'île estiment le nombre total de prisonniers politiques à un millier.

Le gouvernement cubain nie l'existence de prisonniers politiques et accuse les opposants d'être des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis.

Pour Yanelys Nuñez, les familles et amis "espèrent que leur proche soit l'un de ceux qui sortiront de cette loterie hasardeuse".

F.Coineagan --NG