Suède: sur les lieux de la fusillade, une "scène d'enfer"
Les policiers suédois ont évoqué jeudi une "scène d'enfer" dans le centre de formation pour adultes d'Örebro (centre) où un tireur a tué dix personnes de plusieurs nationalités, traumatisant la Suède.
Deux jours après la tuerie qui a aussi fait six blessés, le portrait de l'auteur esquissé par la presse suédoise dessine un homme reclus ayant des problèmes psychologiques. Son mobile reste inconnu.
La chaîne de téévision TV4 a relevé que le centre d'éducation pour adultes abritait également des cours de suédois pour des immigrés.
Les policiers dépêchés sur les lieux du drame mardi après-midi ont relaté "ce qui pourrait être décrit comme un enfer: des morts, des cris et de la fumée", a indiqué un responsable de la police, Lars Wirén, lors d'une conférence de presse.
De son côté, la policière chargée de l'enquête, Anna Bergqvist, a fait état d'"une attaque effroyable".
"Les techniciens ont trouvé dix chargeurs vides à l'intérieur. Ils ont trouvé énormément de douilles", a-t-elle dit à des journalistes. "Il y a eu une quantité incroyable de tirs à l'intérieur, et il lui restait même des munitions qui n'ont pas été utilisées".
Selon la police, l'auteur de la fusillade a vraisemblablement agi seul et s'est suicidé après son geste. Trois armes ont été retrouvées à ses côtés.
Agé de 35 ans, l'homme vivait reclus et avait des problèmes psychologiques, rapportent les médias. Sans emploi, il s'était éloigné de sa famille et de ses amis, assurent les tabloïds Aftonbladet et Expressen en citant des proches.
Selon Aftonbladet, il aurait caché ses armes dans un étui à guitare et aurait revêtu une tenue militaire dans les toilettes du centre de formation avant la fusillade.
La chaîne TV4 a diffusé une vidéo filmée par un étudiant qui se cachait dans les toilettes.
On entend des coups de feu à l'extérieur et, après que TV4 a isolé le son, on peut entendre une personne crier "Vous allez quitter l'Europe!".
- Inconnu de la police -
"Nous pensons savoir qui est l'auteur du crime, son identité, mais nous ne confirmerons aucune information de ce type avant d'être absolument certains d'avoir reçu les résultats des échantillons d'ADN que nous avons envoyés à l'Agence de médecine légale", a indiqué Anna Bergqvist.
En attendant, la police précise seulement que l'auteur n'était pas connu de ses services et n'avait aucun lien avec un gang alors que la Suède est secouée depuis plusieurs années par des violences entre bandes criminelles.
Jeudi, les enquêteurs ont aussi révélé qu'il détenait un permis pour quatre armes de chasse et que certaines informations laissaient penser qu'il avait dans le passé fréquenté le centre de formation.
Les victimes sont de "plusieurs nationalités, différents sexes et âges", a précisé Anna Bergqvist à l'AFP.
De son côté, l'ambassade de Syrie à Stockholm a, sur sa page Facebook, exprimé ses "condoléances et sa sympathie aux familles des victimes, dont des Syriens".
- "Incompréhensible" -
Cette fusillade, "la pire tuerie de masse" de l'histoire suédoise selon le Premier ministre Ulf Kristersson, a bouleversé le pays.
Le roi Carl XVI Gustav, la reine Silvia et M. Kristersson se sont rendus à Örebro mercredi après-midi et ont déposé une gerbe de fleurs près du lieu du drame.
Avec la reine, "nous sommes extrêmement choqués", a affirmé le souverain. "Toute la Suède est en deuil".
Sur place, des anonymes continuent de venir glisser des mots, des fleurs et des bougies.
"Il y a aussi +beaucoup+ d'amour dans le monde. Cela peut être facile à oublier après un acte aussi haineux que celui-ci...", peut-on lire parmi les tulipes, roses et chrysanthèmes.
Retraitée de 68 ans, Margaretha est venue déposer une bougie sur un sol givré.
Vêtue d'un manteau noir, capuche relevée et lunettes de soleil vissées sur le nez, elle raconte son effroi sous un soleil hivernal.
"C'est incompréhensible, je ne suis pas étonnée mais c'est incompréhensible", dit-elle à l'AFP. "Il y a tellement de fusillades, d'explosions, c'est devenu notre quotidien maintenant, malheureusement".
Les victimes n'ont pas encore toutes été identifiées.
Après la fusillade, six personnes, toutes adultes, ont été prises en charge à l'hôpital pour des blessures par balles.
Cinq d'entre elles, trois femmes et deux hommes, ont été opérées et leur état est "sérieux mais stable", ont précisé mercredi les services de santé de la région.
La sixième personne, une femme, a été plus légèrement blessée.
O.F.MacGillivray--NG