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Macron réunit les chefs de partis sur la "menace russe" et la défense européenne
Emmanuel Macron reçoit jeudi matin les chefs de partis à l'Élysée pour évoquer la situation en Ukraine et les efforts supplémentaires à fournir en matière de défense face à la "menace existentielle" que représente la Russie, alors que Donald Trump s'en rapproche et prend ses distances avec l'Europe.
La réunion, qui a démarré à 11H00 autour du chef de l'État et du Premier ministre François Bayrou, rassemble douze dirigeants de partis ou groupes représentés au Parlement ainsi les présidents ou représentants des deux chambres et du Conseil économique et social, a indiqué l'Élysée.
"Pour la première fois les Américains ne sont pas avec nous mais jouent par-dessus nos têtes", déclaré le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure à son arrivée.
Dans un tel contexte, "nous avons nécessité de venir faire preuve d'une certaine forme d'unité" et de "témoigner notre loyauté" à un président certes "affaibli sur le théâtre intérieur" mais qui "doit représenter la France et l'Europe quand il ira parler avec le président américain", a-t-il ajouté.
"Ce n'est pas avec Trump qu'on doit parler, c'est avec Poutine", a tranché le Secrétaire national du PCF Fabien Roussel alors que le président français doit se rendre en début de semaine prochaine à Washington.
"L'Europe est seule désormais, au pied du mur, il faut un sursaut européen radical", a renchéri l'Écologiste Marine Tondelier. Manuel Bompard (LFI) a appelé de son côté à "sortir d'une certaine forme de naïveté", de "l'idée que les intérêts français nécessitaient un alignement permanent sur les intérêts américains".
Côté Rassemblement national, Louis Aliot est présent, le président du parti, Jordan Bardella, devant se rendre au même moment à Washington. Côté majorité gouvernementale, Gabriel Attal (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons) et Marc Fesneau (MoDem) sont également présents, de même que Michèle Tabarot pour le parti Les Républicains dont les ténors (Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau) sont en pleine guerre des chefs.
- "Dictateur" -
Le chef de l'État renoue ainsi avec les rencontres au "format Saint-Denis" initiées en août 2023 dans cette ville limitrophe du nord de Paris pour renouveler la pratique du pouvoir dans la concertation avec les partis.
Ces consultations, regardées avec méfiance par certaines formations qui y voyaient un moyen de contourner le Parlement, ont eu un succès très relatif, la dernière édition remontant à mars 2024, déjà sur l'Ukraine.
S'ensuivra un débat sans vote, début mars au Parlement, sur les conséquences du contexte géopolitique en Europe pour la France.
L'exécutif a commencé à préparer l'opinion à la nécessité d'un plus grand effort de défense alors que la paix en Ukraine esquissée par Donald Trump pourrait ressembler à une capitulation pour Kiev.
Le nouveau président américain entend la négocier directement avec son homologue russe Vladimir Poutine, dont le pays avait pourtant attaqué l'Ukraine il y a bientôt trois ans, le 24 février 2022.
Le locataire de la Maison Blanche a en outre été d'une rare violence verbale avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky qui réclame une place à la table des négociations, le traitant de "dictateur" au bilan "épouvantable" et suggérant qu'à ce rythme, il n'allait bientôt "pas lui rester de pays".
- Troupes au sol -
Emmanuel Macron, qui a réuni par deux fois des partenaires européens lundi et mercredi - près d'une trentaine au total -, pointe "une très forte convergence pour dire que la Russie constitue une menace existentielle pour les Européens".
"Nous souhaitons une paix en Ukraine qui soit durable et solide", a-t-il encore répété mercredi.
De son côté, le Premier ministre François Bayrou a martelé devant sa majorité que "jamais depuis 1945, le risque d'une guerre en Europe n'avait été aussi élevé".
Les Européens craignent que Vladimir Poutine ne soit encouragé à poursuivre son offensive en Ukraine, voire à l'étendre à des pays voisins, s'il n'est pas clairement "forcé" à la paix, y compris par le déploiement de forces étrangères le long de la ligne de démarcation.
Emmanuel Macron a assuré mardi que "la France ne s'apprête pas à envoyer des troupes au sol, belligérantes dans un conflit, sur le front".
Mais il a aussi évoqué la possibilité "d'avoir, sous mandat des Nations unies, une opération de maintien de paix, qui elle se tiendrait le long de la ligne de front".
A.MacCodrum--NG