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Netanyahu qualifie le Hamas de "monstre" après la remise des corps de quatre otages
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié jeudi le Hamas de "monstre", après la mise en scène organisée à Gaza pour la remise de quatre dépouilles d'otages israéliens, dont ceux des enfants Bibas, symbole de la tragédie du 7 octobre 2023 en Israël.
"Agonie. Souffrance. Il n'y a pas de mots", a dit le président israélien Isaac Herzog. "Nos coeurs -les coeurs de toute une nation - sont dévastés. Au nom de l'Etat d'Israël (...) je demande pardon. Pardon pour ne pas vous avoir protégés en ce jour terrible. Pardon pour ne pas vous avoir ramenés à la maison en vie."
Jeudi matin à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, quatre cercueils noirs ont été transférés par le Hamas au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui les a remis à l'armée israélienne.
Le convoi transportant les cercueils est arrivé en début d'après-midi à l'institut médico-légal d'Abu Kabir à Tel-Aviv, où les corps devaient subir une autopsie en vue de permettre leur identification.
Le convoi a été accueilli par des Israéliens sur le bord de route arborant des drapeaux nationaux, avant de prendre le chemin de Tel-Aviv.
"J'ai le coeur brisé", lâche Sharon Gazit, 60 ans, sur la "place des otages" à Tel-Aviv.
"Nous sommes tous fous de rage contre les monstres du Hamas", a dit M. Netanyahu dans une déclaration vidéo. "Nous ramènerons tous nos otages, détruirons les meurtriers, éliminerons le Hamas et, ensemble, avec l'aide de Dieu, nous assurerons notre avenir."
- "Abjecte et cruelle" -
Contrairement aux libérations précédentes marquées par la joie, cette fois-ci, l'effroi domine, accentué par l'incertitude sur les identités.
C'est la première fois que le Hamas remet des corps d'otages depuis son attaque du 7-Octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
A Khan Younès, des combattants armés palestiniens ont exposé jeudi matin sur un podium quatre cercueils portant chacun la photo d'un des otages. Au-dessus, un poster où Benjamin Netanyahu apparaît le visage maculé de sang, flanqué de dents de vampire.
Cette mise en scène est "abjecte et cruelle", a commenté le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme. Berlin a dénoncé des "images à peine supportables".
Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a affirmé que "le Hamas n'était pas un mouvement de résistance" mais qu'il entretenait "un culte de la mort" et "paradait avec des cadavres".
Les dépouilles ont été restituées dans le cadre de l'accord de trêve à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice.
Le Forum des familles d'otages a confirmé que le corps de l'otage Oded Lifshitz avait été rendu par le Hamas.
La famille Bibas a appelé à "ne pas faire l'éloge funèbre de (ses) proches jusqu'à ce que l'identification finale soit confirmée".
Le Hamas avait annoncé en novembre 2023 la mort de Shiri Bibas et de ses enfants dans un bombardement israélien à Gaza, mais Israël n'a jamais confirmé.
Shiri Bibas et ses enfants avaient été enlevés en même temps que Yarden Bibas, époux et père, au kibboutz Nir Oz dans le sud d'Israël, à la lisière de Gaza. Mais ils ont été détenus séparément à Gaza.
Yarden Bibas, 35 ans, a été libéré le 1er février.
- Prochaines libérations samedi -
Depuis le début du cessez-le-feu conclu via les médiateurs -Qatar, Egypte, Etats-Unis-, 19 otages israéliens ont été libérés contre plus de 1.100 Palestiniens détenus par Israël, dans le cadre de la première phase de la trêve.
Samedi, le Hamas doit libérer six otages vivants contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
L'accord prévoit, d'ici la fin de sa première phase le 1er mars, la libération d'un total de 33 otages, dont huit morts, en échange de celle de 1.900 Palestiniens détenus par Israël.
Les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, le Hamas et Israël s'accusant mutuellement de violations de l'accord.
La troisième et dernière phase doit en principe porter sur la reconstruction de la bande de Gaza.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.211 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
L'offensive d'envergure israélienne lancée en représailles a fait au moins 48.297 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé.
T.McGilberry--NG