

USA: fin du délai avant l'entrée en vigueur des droits de douane sur le Canada et le Mexique, pas d'accord
L'absence d'un accord entre Washington, Ottawa et Mexico avant la date limite marquant la fin du report des droits de douane imposés au Canada et au Mexique par Donald Trump a ouvert la porte mardi à leur mise en application, avec des conséquences incertaines pour les trois économies.
A moins d'un nouveau report accordé par le président américain, les importations en provenance des deux voisins des Etats-Unis seront désormais taxées à hauteur de 25% -- 10% pour les hydrocarbures canadiens --, une mesure voulue par M. Trump en représailles de l'inaction, selon lui, d'Ottawa et de Mexico pour limiter le trafic de fentanyl dans le pays.
Le président américain n'avait laissé que peu d'espoir lundi après-midi, estimant qu'il n'y avait "plus de marge de manoeuvre pour le Mexique et le Canada. Les droits de douane sont un fait. Ils entreront en vigueur demain (mardi)".
Les décrets étaient lundi soir prêts à être publiés sur le Federal Register, le journal officiel du gouvernement fédéral, a pu constater un journaliste de l'AFP.
Au total, 918 milliards de dollars de produits provenant des deux voisins des Etats-Unis pourraient être concernés, avec un impact réel attendu pour l'économie américaine.
M. Trump reproche au Canada, au Mexique et à la Chine de ne pas lutter suffisamment contre le trafic de fentanyl, une drogue aux effets dévastateurs aux Etats-Unis, et avait dit en février imposer ces droits de douane pour les pousser à agir.
La mesure visant le Canada et le Mexique avait cependant été suspendue jusqu'au 4 mars.
Dans le même temps, la Chine s'était vu imposer 10% de droits de douane supplémentaires. Une surtaxe que l'administration américaine a passée à 20% dans un nouveau décret signé lundi par M. Trump.
La Chine a affirmé mardi qu'elle prendra des "contre-mesures" après cette annonce.
Estimant que "rien ne justifiait ces mesures" américaines, le Canada va également mettre en place des droits de douane de 25% sur certains produits américains, pour un montant total de 155 milliards de dollars canadiens.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a, elle, déjà assuré que le Mexique avait "un plan A, un plan B, un plan C et un plan D" contre ces nouvelles taxes.
- Inquiétudes -
Donald Trump avait souligné durant sa campagne électorale que "droits de douane" étaient "ses mots favoris". Il avait dit souhaiter les utiliser pour rééquilibrer la balance commerciale américaine, financer en partie sa promesse de baisser les impôts et imposer "le respect" aux partenaires des Etats-Unis.
Le président américain a d'ores et déjà annoncé son intention de taxer aussi l'acier et l'aluminium et le lancement d'une enquête en vue d'en faire autant pour les produits issus de la sylviculture.
Lundi, les produits agricoles importés se sont ajoutés à la liste, M. Trump assurant qu'ils seront aussi taxés à compter du 2 avril.
Autant de mesure qui pourraient "amener les droits de douane en 2026 à leur plus haut niveau depuis 1936", a estimé la cheffe économiste de KPMG, Diana Swonk, interrogée par l'AFP.
La perspective des droits de douane commence toutefois à inquiéter les Américains, tant les consommateurs que les entreprises.
Le Conseil des entreprises Chine-Etats-Unis, qui compte 270 entreprises américaines, estime ainsi que les droits de douane "vont plomber notre compétitivité mondiale".
Fin février, deux indices de confiance des consommateurs ont plongé, plombés par la crainte d'un rebond de l'inflation. Celle-ci peine à revenir vers les 2% visés par la Réserve fédérale (Fed) et a même accéléré légèrement fin 2024.
Une donnée essentielle, alors que le président américain doit principalement sa victoire à sa promesse de faire baisser les prix et d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages.
Or, selon la Fédération nationale du commerce de détail, taxer les produits canadiens et mexicains "forcera les Américains à payer plus chers pour leurs achats".
Lundi, la publication de l'indice ISM de la production industrielle s'est accompagnée de commentaires sur la crainte, dans un certain nombre d'industries, de voir les droits de douane devenir une nouvelle réalité.
Un autre indice de la Fed d'Atlanta anticipe désormais une chute brutale de la croissance américaine, s'attendant même à une contraction sévère au premier trimestre.
A.Kenneally--NG