

Parmi sept prétendants, le CIO élit son nouveau président
Qui sera le 10e président du Comité international olympique? Après des mois de suspense, les sept prétendants à la succession de l'Allemand Thomas Bach se départagent jeudi en Grèce pour prendre la tête du sport mondial.
"Si je pouvais raconter les coulisses, il faudrait un livre entier", plaisantait mercredi le candidat français David Lappartient, jugeant "plus ouvert que jamais" le scrutin de Costa Navarino, luxueux complexe face à la mer Ionienne.
Depuis que le Bavarois de 71 ans a annoncé en août dernier qu'il passerait la main le 23 juin, Lappartient et ses six adversaires multiplient les entretiens et les contacts avec la centaine d'autres membres de l'instance olympique qui éliront son successeur, sans sondage ni soutien public pour mesurer leurs chances réelles.
Sous la pluie mardi de l'ancienne Olympie, puis dans les coulisses ensoleillées mercredi de la 144e session à Costa Navarino, ils ont tenté d'arracher d'ultimes ralliements et de faire basculer les derniers indécis.
Et l'heure de vérité se dessine enfin: jeudi autour de 16h00 locales (GMT+2), les membres du cénacle sportif devront se défaire de leurs téléphones, puis voteront à huis clos et à bulletins secrets, éliminant à chaque tour le dernier arrivé, jusqu'à ce qu'un candidat obtienne une majorité absolue.
Or avec un nombre de prétendants inédit dans l'histoire du CIO, bien malin qui pourrait désigner un favori: certains "cochent plus de facteurs que d'autres", observait mercredi Martin Fourcade, membre de l'instance depuis 2022, mais aucun ne les aligne tous.
- L'ombre de Samaranch père -
Seuls le Britannique Sebastian Coe, patron de World Athletics et double champion olympique du 1.500 m, et la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, septuple médaillée en natation (dont deux titres), partagent un glorieux passé sportif avec Thomas Bach, qui avait été sacré en fleuret par équipes aux Jeux de Montréal en 1976.
Mais alors que l'Allemand, avocat d'affaires, avait gravi tous les échelons du CIO dès 1991, l'Espagnol Juan Antonio Samaranch Jr est le seul à afficher une ascension comparable au sein de l'instance.
Visage aussi familier du monde olympique que méconnu en dehors, "Juanito" a rejoint le CIO au moment où son père s'apprêtait à en quitter la présidence, en 2001, après 21 ans d'un règne marqué par l'explosion des revenus des JO et la fin des boycotts mais aussi par des scandales de corruption, laissant une image contrastée.
Les quatre autres candidats s'avancent en outsiders: David Lappartient, champion du cumul à l'ascension fulgurante, dirige à la fois l'Union cycliste internationale (UCI) et le Comité olympique français (CNOSF), et est le principal artisan de la désignation des Alpes françaises pour accueillir les Jeux d'hiver en 2030.
Le Japonais Morinari Watanabe, patron de la Fédération internationale de gymnastique, présente de loin la proposition la plus radicale - des JO organisés simultanément dans cinq villes de cinq continents -, le prince jordanien Feisal Al-Hussein insiste sur la "paix" au service du sport, et le Britanno-Suédois Johan Eliasch vante son expérience à la tête de l'équipementier Head pour réformer le modèle économique.
- Géopolitique ou manoeuvres de Bach? -
Quelle stratégie fera la différence face à une assemblée mêlant têtes couronnées, anciens champions et figures de l'administration et de l'industrie sportives, traditionnellement réticents à la moindre prise de position publique ?
Pour Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne, "cette élection s'avère très géopolitique", à l'image d'un monde de plus en plus fracturé, "et il semblerait que trois blocs se dessinent".
D'un côté, un soutien "des Russes, Chinois et de leurs alliés" à Samaranch Jr, de l'autre, un "bloc anglophone" derrière Sebastian Coe, et enfin, la possible quête avec Lappartient d'"un candidat de compromis" porté par une partie de l'Europe, estime M. Chappelet.
A moins que le soutien supposé de Thomas Bach à Kirsty Coventry, objet de rumeurs volontiers relayées par les autres candidats, ne fasse de la ministre des Sports du Zimbabwe la première femme à la tête de l'instance, à seulement 41 ans.
"Ce que je me sens obligé de dire sur le profil de mon successeur, je l'ai déjà dit", a balayé lundi Thomas Bach, sans clarifier plus avant sa position. "Une ère nouvelle réclame de nouveaux leaders."
F.Coineagan --NG