

Berlin exhorte les autorités syriennes à contrôler les groupes extrémistes dans leurs rangs
L'Allemagne a exhorté jeudi les autorités syriennes de transition à "contrôler les groupes extrémistes dans leurs rangs", 15 jours après des massacres dans l'ouest du pays qui ont fait plus de 1.500 morts parmi les civils, en majorité issus de la minorité alaouite à laquelle appartient le clan Assad.
Après des entretiens avec le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh et son ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock a insisté sur la nécessité de "passer de la parole aux actes", lors d'une conférence de presse à Damas.
"C'est maintenant à eux (aux dirigeants syriens par intérim) de contrôler les groupes extrémistes dans leurs rangs et de demander des comptes aux responsables de crimes", a martelé la ministre allemande qui effectue sa deuxième visite en Syrie depuis la chute du président syrien Bachar al-Assad en décembre.
Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des jihadistes étrangers ont été rendus responsables des exactions commises début mars, les pires depuis qu'une coalition menée par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Cham (HTS) a chassé Bachar al-Assad du pouvoir.
Dans ce pays divisé entre plusieurs communautés religieuses, la transition reste difficile trois mois après la fuite de Bachar al-Assad.
"Les atrocités qui ont eu lieu récemment sur la côte ne sont pas seulement un signal d'alarme, elles sont dramatiques et montrent à quel point le pays est sur le fil du rasoir", a souligné la ministre allemande des Affaires étrangères.
Elle s'est inquiétée que de nombreux acteurs à l'intérieur et à l'extérieur du pays, éprouvé par plus de dix ans de guerre civile, tentent de "torpiller ce processus politique pacifique".
- "Une Syrie pour tous" -
"L'influence des acteurs étrangers n'a apporté jusqu'à présent que guerre et chaos. Même dans une nouvelle Syrie, les attaques étrangères sur le territoire syrien mettent en péril la stabilité et sont contraires au droit international", a-t-elle ajouté.
"En tant qu'Européens, nous ne soutiendrons pas une résurgence des structures islamistes", a prévenu Mme Baerbock.
"La voie de la transition est longue et semée d'embûches (...) mais on sent clairement que les gens veulent emprunter cette voie ensemble", a-t-elle ajouté, appelant à ce que la Syrie "devienne une Syrie pour tous".
Jeudi, Annalena Baerbock a officiellement récupéré en personne les clefs de l'ambassade allemande, fermée en 2012 dans le sillage de la guerre civile.
Selon des sources proches du ministère allemand des Affaires étrangères, "l'ambassade dispose d'une petite équipe politique et continuera à développer sa présence, en fonction de la situation".
"En raison du contexte sécuritaire et des capacités d'espace limitées", les affaires de visa et consulaires continueront à être traitées depuis Beyrouth, au Liban, ont précisé ces mêmes sources.
Avant sa fermeture en janvier 2012 et la réduction du personnel qui avait eu lieu auparavant dans le sillage de la crise, l'ambassade allemande comptait une cinquantaine d'employés, dont 25 à 30 expatriés et une vingtaine sous contrat local.
Parmi les pays de l'UE, l'ambassade d'Italie a déjà repris ses activités à Damas. La France a remis pour le moment son drapeau sur son bâtiment et repris possession des lieux, mais elle n'y a pas encore d'activité consulaire. L'Espagne avait également annoncé avoir hissé son drapeau mi-janvier sur son ambassade.
L'Allemagne a annoncé lundi le versement de 300 millions d'euros pour la reconstruction en Syrie, dans le cadre d'une conférence de pays donateurs qui a rassemblé des promesses d'aide à hauteur de 5,8 milliards d'euros.
Mme Baerbock s'était déjà rendue le 3 janvier en Syrie avec son homologue français, Jean-Noël Barrot, une visite sous mandat de l'Union européenne.
L.Boyle--NG