

Expulsions d'Afghans: Kaboul dénonce des mesures "unilatérales" sapant ses relations avec le Pakistan
Kaboul a dénoncé samedi les "mesures unilatérales" du Pakistan, qui a expulsé des dizaines de milliers d'Afghans, et estimé lors d'une visite du chef de la diplomatie pakistanaise que la "maltraitance" dont ils sont victimes "tend à effacer les bonnes relations" bilatérales.
Depuis le 1er avril, près de 85.000 Afghans ont été renvoyés dans leur pays d'origine, d'après Islamabad, qui accuse les trois millions d'Afghans se trouvant sur son sol d'être "liés au terrorisme et au narcotrafic".
Plutôt que de permettre leur "rapatriement progressif, le Pakistan renforce les problèmes avec des mesures unilatérales", a critiqué le Premier ministre taliban Hassan Akhund, lors d'une rencontre avec le chef de la diplomatie pakistanaise, Ishaq Dar.
D'après un communiqué partagé par Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement, le Premier ministre a jugé "inacceptable la maltraitance dont font l'objet les réfugiés afghans".
"Ces actions créent non seulement de la distance, mais tendent aussi à effacer toutes les bonnes relations du passé", a-t-il estimé, disant espérer que la visite ministérielle contribue toutefois à inverser la tendance, "grâce au dialogue".
D'après un communiqué de la diplomatie afghane, Ishaq Dar a assuré que les réfugiés ne seraient pas "maltraités".
Kaboul avait déjà accusé son voisin d'utiliser les migrants "à des fins politiques", alors que le gouvernement pakistanais a supprimé au 1er avril 800.000 cartes de résidence à des Afghans.
- "Aucune indulgence" -
Depuis cette date, "84.869 citoyens afghans ont été renvoyés dans leur pays", a indiqué vendredi lors d'une conférence de presse le vice-ministre pakistanais de l'Intérieur, Tallal Chaudhry, assurant que la campagne d'expulsion allait se poursuivre.
D'après l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), "58% d'entre eux sont des enfants", qui entrent dans le seul pays au monde où la scolarisation des filles au-delà du primaire est bannie.
"Il n'y aura aucune indulgence, ni report de la date limite", a assuré M. Chaudhry.
Le ministère afghan des Réfugiés a recensé environ 71.000 retours entre le 1er et le 18 avril, a indiqué samedi à l'AFP un porte-parole.
Fin 2023 déjà, Islamabad avait expulsé plus de 800.000 Afghans.
Depuis des mois, des militants des droits humains signalent harcèlement, racket et brimades des forces de sécurité pakistanaises à l'encontre des Afghans, parfois installés au Pakistan depuis des décennies pour fuir les guerres successives chez eux.
Islamabad autorise pour deux mois supplémentaires le séjour des 1,3 million de détenteurs de cartes délivrées par le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
A l'instar des autres pays du monde, le Pakistan ne reconnaît par le gouvernement taliban instauré en 2021, même s'il a gardé son ambassade à Kaboul.
Les relations bilatérales se sont détériorées alors que le Pakistan, qui connaît une recrudescence de violences islamistes et séparatistes sur son sol depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul, accuse son voisin de ne pas déloger des rebelles qui utilisent son sol pour lancer des attaques dans l'ouest frontalier. L'Afghanistan dément.
C.Queeney--NG