Hong Kong: un foyer de contamination expose les failles de la stricte quarantaine
La longue quarantaine imposée aux nouveaux arrivants à Hong Kong fait l'objet de remises en question après l'apparition, ces derniers jours dans la ville, d'un foyer de Covid-19 ayant pour origine une voyageuse contaminée dans l'hôtel où elle était confinée.
A l'instar de la Chine continentale, Hong Kong a adopté la stratégie "zéro Covid" qui a permis de maintenir un faible niveau de contaminations, mais a quasiment coupé du reste du monde ce grand centre international de la finance.
Un important foyer de contamination est récemment apparu dans un ensemble de logements sociaux, densément peuplés, après la contamination d'une femme de 43 ans de retour du Pakistan juste avant sa sortie de l'un des 40 hôtels de la ville où sont placés les voyageurs arrivant de l'étranger.
Certains experts hongkongais ont souligné que la durée de quarantaine, parmi les plus longues au monde, "est susceptible d'augmenter les risques de contaminations croisées".
"Les hôtels réservés aux quarantaines ne répondent manifestement pas aux attentes et les voyageurs risquent d'y attraper le Covid-19", estime Siddharth Sridhar, microbiologiste à l'université de Hong Kong.
Ben Cowling, épidémiologiste à l'université HKU, soutient depuis longtemps que le délai de 21 jours n'est pas justifié d'un point de vue scientifique et qu'il présente des risques.
De multiples cas d'infections croisées dans les hôtels ont été détectés ces derniers mois mais jusqu'à présent, tous l'avaient été avant que les personnes contaminées ne sortent.
"Il n'est pas surprenant d'avoir un regain épidémique. Ce qui est surprenant, c'est d'avoir passé six mois sans aucun cas", affirme M. Cowling, en faisant référence au peu de malades recensés au second semestre 2021.
"Je pense que notre capital-chance est épuisé", affirme-t-il.
Le gouvernement hongkongais soutient que sa politique zéro-Covid bénéficie d'un large soutien de la population, mais de plus en plus de signes tendent à prouver le contraire.
- Fuite des talents -
Selon un sondage effectué en janvier par le Parti démocratique, 65% de la population souhaite "vivre avec le virus", contre seulement 42% en novembre.
Mais jusqu'à présent, le gouvernement n'a manifesté aucun signe de vouloir un jour abandonner sa stratégie zéro-Covid.
Les milieux d'affaires internationaux ont tiré la sonnette d'alarme, affirmant faire face à une fuite des talents et à des problèmes de recrutement.
Selon un projet de rapport obtenu cette semaine par Bloomberg News, la Chambre de commerce européenne prévient que le territoire pourrait rester isolé jusqu'en 2024.
"Nous anticipons un exode d'étrangers, probablement le plus important que Hong Kong ait jamais connu", souligne ce projet de rapport.
Le quotidien britannique Financial Times a affirmé cette semaine que Bank of America, un acteur majeur du secteur bancaire, envisage de délocaliser son personnel à Singapour.
- "La fin du début" -
Depuis les immenses manifestations pro-démocratie de 2019, l'exécutif hongkongais s'est aligné sur Pékin dans de multiples domaines, de la politique en matière de coronavirus à la répression de toute dissidence politique.
Mme Lam s'est fixée comme priorité la réouverture de la frontière avec la Chine continentale. Mais cette dernière, qui fait également face à des foyers épidémiques, ne se semble pas pressée.
"Alors qu'à travers la planète, 2022 est le début de la fin de la pandémie, pour Hong Kong c'est juste la fin du début", a écrit M. Sridhar sur Facebook.
La campagne de vaccination a jusqu'à présent été peu concluante. En dépit d'un nombre largement suffisant de doses, à peine plus de 70% de la population éligible est entièrement vaccinée.
Moins de la moitié des personnes âgées de 70 ans ou plus, soit la catégorie de population la plus vulnérable au virus, a reçu deux doses.
Selon les experts, dont MM. Sridhar et Cowling, la ville ne pourra envisager d'abandonner la politique zéro-Covid que lorsqu'elle aura vacciné massivement ses habitants les plus âgés.
Mais les milieux d'affaires, soulignant la réticence de Hong Kong à sortir de la voie tracée par Pékin, doutent que la ville se rouvre au reste du monde avant que la Chine n'ait fait de même.
Ch.Buidheach--NG