Nottingham Guardian - Au Pakistan éliminé du Trophée des Champions, deuil et lamentations pour "la mort du cricket"

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Au Pakistan éliminé du Trophée des Champions, deuil et lamentations pour "la mort du cricket"
Au Pakistan éliminé du Trophée des Champions, deuil et lamentations pour "la mort du cricket" / Photo: Asif HASSAN - AFP

Au Pakistan éliminé du Trophée des Champions, deuil et lamentations pour "la mort du cricket"

"Le cricket est mort au Pakistan", se lamente Nassim Satti, fan inconditionnel déçu: en une semaine son pays, qui accueillait son premier championnat majeur depuis 29 ans, a été éliminé, sans même, dit-il, que ses joueurs "essayent de se battre".

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Islamabad avait enfin décroché l'organisation du Trophée des Champions qui verra encore s'affronter jusqu'au 9 mars l'Australie, l'Angleterre, l'Afghanistan, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et l'Inde.

Le Bangladesh et le Pakistan ont déjà été éliminés. Et pour le Pakistan, la défaite a été d'autant plus cuisante que son dernier match, il l'a joué et perdu contre l'Inde... à Dubaï! Car le grand rival historique refuse de jouer sur son sol et a négocié un terrain neutre.

Pire, si l'Inde arrive en finale, le Pakistan sera privé du tout dernier grand match de son tournoi censément à domicile.

Les experts se disputent sur le choix des joueurs et la composition de l'équipe, mais avec les supporteurs, ils sont unanimes sur un point: le cricket pakistanais ne s'est jamais renouvelé depuis son âge d'or des années 1990 avec son héros Imran Khan - désormais en prison après avoir été Premier ministre.

- "Pistonnés" -

L'ancien capitaine de l'équipe, Shahid Afridi, est catégorique: "en 2025, le Pakistan joue comme dans les années 1980-90 alors que toutes les autres équipes ont progressé en adoptant un style moderne agressif", dit-il à l'AFP.

Pour Umar Siraj, pharmacien de 26 ans, rencontré par l'AFP à l'annonce de l'élimination, le problème va bien au-delà du style.

"Notre équipe ne sait pas jouer, elle est remplie de pistonnés. Il n'y a plus de sélection au mérite, même le patron de la Fédération n'a pas été nommé au mérite", lance-t-il, en allusion au patron du cricket pakistanais également... puissant ministre de l'Intérieur.

"Comment se sont-ils préparés? On a attendu 29 ans pour ça?", s'interroge Zoulfiqar Ali.

Le Pakistan a été privé de compétitions internationales sur son sol à la suite d'un attentat commis en 2009 contre l'équipe de cricket du Sri-Lanka, qui avait tué huit personnes et blessé plusieurs joueurs.

Et pour le premier championnat international d'envergure organisé sur son sol depuis lors, le pays a produit "des joueurs qui jouent timidement et n'ont pas la passion du jeu", s'emporte le routier de 45 ans.

Le summum de l'"humiliation" a sûrement été atteint pendant le match contre l'Inde dimanche, racontait ce jour-là à l'AFP Moiz Umer, qui avait branché la télé de son café de Karachi, la grande ville du sud côtier, sur le match.

- "Mental de perdant" -

Plusieurs fois, des clients lui ont demandé de changer de chaîne, rapportait le cafetier de 45 ans. "Et beaucoup ont tourné le dos à l'écran quand c'était au tour de l'Inde de jouer tellement ils étaient déçus".

Saad Mourtaza, ingénieur de 29 ans, lui, lançait avoir "perdu une journée entière à regarder un match pathétique" avec des joueurs "sans vision ni talent".

"Ils sont arrivés avec un mental de perdant et ils n'ont jamais essayé d'être offensifs: je pense qu'ils ne réalisent même pas à quel point ils brisent le coeur de leurs fans en tombant aussi bas", renchérissait Rachid Salim, cuisinier de 53 ans.

Au lendemain du match, un des joueurs, Saud Shakeel, concédait un laconique: "nous n'avons pas bien joué (...) ce qui explique ce résultat que nous devons accepter".

Des explications qui ne suffisent pas à Asma Batool, mère au foyer de 52 ans à Rawalpindi, la grande ville populaire aux portes de la capitale administrative Islamabad.

"Le cricket est le seul moyen de s'amuser pour les jeunes" dans un pays où la scène culturelle a été réduite à peau de chagrin par des décennies d'islamisation, dit-elle.

"Après une si longue attente, ils avaient enfin une chance de profiter mais elle n'a pas duré longtemps".

O.F.MacGillivray--NG